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Déclaration de candidature au poste de bâtonnier des avocats de Juin 2023

L’Ordre National des Avocats s’est fortement émietté. Il est devenu, depuis bien des années, une arène ou toutes les tendances politiques, régionales, tribales, ethniques, générationnelles et corporatistes se livrent un combat sans merci. Un combat ou tous les coups sont permis.

La propension du moi à se projeter comme centre et finalité de l’univers, chez ceux qui sont mandatés par la loi et par leur confrères à gérer la profession, au mieux des intérêts de tout le monde, nourrie par une certaine tendance au sectarisme, a livré la profession des avocats aux gémonies du populisme, parfois le plus abjecte.

L’absence d’un contrôle, à posteriori et l’absence de contre-pouvoirs juridiques ont laissée la porte grande ouverte aux médisances, aux compagnes de nuisances et à l’abus de pouvoir et d’autorité, à l’exclusion et aux guerres de tranchées avec parfois l’utilisation d’armes non conventionnelles.

Les avocats, un grand nombre d’avocats, ceux qui se retrouvent, après chaque élection réduits à être les spectateurs d’une vieille et ennuyeuse pièce théâtre jouée par des acteurs dont le regard est fixé vers l’extérieur, loin de leur public, en quête d’une reconnaissance, d’une approbation, d’un applaudissement ou et surtout d’un quelconque intérêt, venu d’ailleurs.

Le défaut de transparence dans la gestion des biens ( en dépit de leur modestie, faute d’idées) de l’Ordre, l’attribution par les gérants du bien commun, des opportunités de contrat de conseil et de représentation judiciaire à leur propres cabinets ou à ceux de leur environnement social, professionnel, ou partisan ont irrité la majorité des avocats.

Une confusion totale entre la profession et ceux qui sont chaque fois mandatés par la masse des avocats (devenue très flexible et malléable à force de battage) s’est instaurée comme méthode gestion.

L’absence de concertation autour des grandes et moyennes questions rend l’avocat électeur, qui ne s’agrippe pas de toutes ses forces à un bâtonnier, étranger dans sa propre maison et étranger à sa profession. L’avocat ordinaire apprend bien des choses concernant son devenir et celui de sa profession par voie de presse et bien sûr, après-coup.

Le défaut de contrôle interne, et d’audit comptable et managérial annuels ou pluriannuels renforcent une impunité que la loi organisant la profession d’avocat avait déjà consacrée.

Dans la difficile entreprise de rechercher un équilibre salvateur pour un pays comme le notre qui se caractérise par sa jeunesse et la faiblesse de ses moyens et de ses institutions l’Ordre des Avocats est devenu, à bien des égards, semblable à ce que les politiques appellent dans leur jargon « les partis cartables ». Utilisés pour appuyer une position ou une thèse du « pour » ou du « contre », ces partis qui se résument à une personne, un cartable, un papier entête et un cachet ne bénéficient ni d’aucune crédibilité, ni d’aucune sympathie de la part de ceux qui les utilisent pour la circonstance, ni à fortiori de la part de ceux contre lesquels ils sont utilisés.

L’absence de transparence et d’impartialité dans le traitement des incompréhensions et conflits internes a pris les allures de procédures de règlements de comptes, extrajudiciaires, ou les parties, les juges, les prétentions, les faits et les cris se confondent dans une cacophonie ou tout le monde parle et personne n’écoute.

Il y a ceux qui recherchent à tout prix à s’attirer la sympathie de pouvoirs publics, et à les convaincre, moyennant n’importe quoi, délivré à titre personnel et gracieux, que l’Ordre pourrait bien être utile et servir parfois, à quelque chose. Il y a, de l’autre côté, ceux qui louchent du côté des chancelleries étrangères, des ONGs étrangères « de protection » ou « de lutte » contre quelque chose qui ne serait condamnable, que s’il se passait sur un territoire étranger, pour les convaincre, qu’ils sont la près à tacler et à mettre à nu un pouvoir, qui trouve des difficulté à reconnaitre leur capacité de servir et si, inévitable, leur capacité de nuisance.

Il y a un manque de sérieux, une absence quasi-totale de bonne gestion, une gestion individuelle, une gestion princière, ou la règle est : « Je suis le peuple et le roi ».

C’est dans la perspective de mettre fin a toutes ses défauts, dont certains sont ataviques, et a toutes ces imperfections, dont beaucoup sont le fait de l’homme que j’ai pris sur moi la décision de me présenter à l’élection du bâtonnier pour apporter avec la participation de toutes les forces actives de notre pays et le concours de tous les confrères capables et déterminés à travailler pour rehausser la profession d’avocat au sommet de la réussite, à travers un ensemble de mesures et d’actions concrètes que j’ai présenté à mes confrères sur les forum sociaux pour en débattre et dont voici quelques grandes lignes:

1. Une approche participative dans le diagnostic des problèmes et la recherche de solutions,

2. L’association de tous les confrères en fonction de leurs compétences et de leurs motivations à l’entreprise de déconstruction-reconstruction de l’ONA,

3. créer des commissions composées de confrères pour réaliser des missions spécifiques, profiter de la diversité des profils pour capitaliser les avantages comparatifs de chaque catégorie d’avocats et en tirer le meilleur profit pour la profession, et pour l’intérêt général :

 Capistes rompus aux procédures et à la vie des tribunaux,

 Anciens magistrats ayant une expérience professionnelle en aval,

 Doctorants et professeurs de l’enseignement supérieurs spécialiste en droit positif

 Doctorants et spécialistes en charia et en droit musulman

 Confrères ayant rejoints la profession à travers d’autres corps professionnels apparentés.

Il y aura de la place pour tous ceux qui sont capables de donner et de recevoir dans un cadre qui serait le plus transparent possible.

4. instituer des audits comptable et managérial annuels avant la tenue de chaque Assemblée Générale Ordinaire des avocats.

5. créer une commission pour se prononcer sur l’opportunité et les conditions d’instituer des barreaux dans les régions ou il y a une Cour d’Appel,

3. Tempérer la tendance fortement ancrée de faire de l’Ordre un acteur politique, donneur de leçons et dictant a chacun la bonne conduite à suivre en matière de « tout ». Cela me rappelle une image, ancrée dans un lointain passé, quand j’étais, encore, au Lycée de Garçons. Pour ne pas altérer la qualité de l’image et son sens, je vous la livre tout entière en courant, risque de vous ennuyer, un petit peu.

« En ces temps merveilleux où la Théologie
Fleurit avec le plus de sève et d’énergie,
On raconte qu’un jour un docteur des plus grands,
— Après avoir forcé les cœurs indifférents;
Les avoir remués dans leurs profondeurs noires;
Après avoir franchi vers les célestes gloires
Des chemins singuliers à lui-même inconnus,
Où les purs Esprits seuls peut-être étaient venus,
— Comme un homme monté trop haut, pris de panique,
S’écria, transporté d’un orgueil satanique:
« Jésus, petit Jésus! je t’ai poussé bien haut!
Mais, si j’avais voulu t’attaquer au défaut
De l’armure, ta honte égalerait ta gloire,
Et tu ne serais plus qu’un fœtus dérisoire! »

Immédiatement sa raison s’en alla.
L’éclat de ce soleil d’un crêpe se voila
Tout le chaos roula dans cette intelligence,
Temple autrefois vivant, plein d’ordre et d’opulence,
Sous les plafonds duquel tant de pompe avait lui.
Le silence et la nuit s’installèrent en lui,
Comme dans un caveau, dont la clef est perdue.
Dès lors il fut semblable aux bêtes de la rue,
Et, quand il s’en allait sans rien voir, à travers
Les champs, sans distinguer les étés des hivers,
Sale, inutile et laid comme une chose usée,
Il faisait des enfants la joie et la risée. »

Charles Baudelaire : Le châtiment de l’orgueil, Juin 1857

Il est, bien évident, et bien apparent, que la comparaison ici, concerne, exclusivement, l’Ordre National des Avocats, en tant que personne morale de droit privé, exerçant des prérogatives d’intérêt public, et ne vise pas, personnellement, les honorables confrères qui se sont un jour ou l’autre trouvés mandatés pour la représenter.

Concernant, ma propre personne, si je dois en parler, en la circonstance, je dirais que je ne me semble pas pouvoir me passer pour un super-héro, même si mon moi me harcèle de temps à autre, pour me faire comprendre et accepter, contre toute réalité, que je ne suis pas un homme ordinaire.

Le vrai gage sur lequel je peux miser, toutes proportions gardées, est que je travaillerai, en associations avec tous mes confrère, sans exclusion, ni apriori et que j’essaierai en toutes circonstances de penser et d’agir en bon père de famille, faisant tout mon possible pour marcher sur la voie de ceux qu’ALLAH dans sa sagesse infini décrit comme :

وَالَّذِينَ هُمْ لِأَمَانَاتِهِمْ وَعَهْدِهِمْ رَاعُون (32) وَالَّذِينَ هُمْ بِشَهَادَاتِهِمْ قَائِمُونَ (33) سورة المعارج « Ceux qui veillent au respect de la confiance (juridiquement) placée en eux et au respect de leurs engagements et ceux qui témoignent toujours e la stricte vérité ». (Traduction libre, qui essaie de se rapprocher du sens).

والله ولي التوفيق

Oumar EL HAJ

Avocat

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