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Nominations au dernier Conseil des ministres : la main de Ould Diaye?

Le dernier Conseil des ministres a été marqué par une série de nominations qui traduit une recomposition stratégique au sommet de l’administration.

Plusieurs collaborateurs du Premier ministre Moctar Ould Diaye ont quitté la Primature pour occuper des postes de direction dans des départements ministériels et des entreprises publiques. À première vue, il s’agit d’un déploiement de confiance, visant à placer des hommes et femmes de proximité dans des fonctions clés.

En plaçant ses proches à la tête d’institutions stratégiques, Moctar Ould Diaye s’assure un réseau de relais fidèle capable de faire appliquer ses orientations. Certains observateurs y voient une extension du contrôle de la Primature sur les principaux leviers de l’État.

Selon un haut fonctionnaire : « Ce n’est pas un départ, c’est une extension de son dispositif. Ceux qui le suivent connaissent ses méthodes et ses attentes. » Cette logique s’inscrit dans une pratique bien connue de Ould Diaye : à chaque occasion, il a toujours favorisé ses fidèles, qu’il s’agisse de postes de conseillers, de chargés de mission ou désormais de directions générales.

Cependant, la recomposition présente des limites notables. Si deux ou trois des nouveaux promus possèdent une réelle expérience et des compétences avérées, la majorité sont de jeunes cadres dont les qualifications et la pratique administrative restent limitées.

Ce choix de placer la loyauté avant la compétence soulève des interrogations sur l’efficacité future de certaines institutions. Selon plusieurs analystes, ce phénomène pourrait affaiblir la gestion opérationnelle, notamment dans des secteurs stratégiques où l’expertise est essentielle. Le risque est que des postes de responsabilité, essentiels pour le suivi de projets ou la mise en œuvre de politiques publiques, soient occupés par des personnes peu préparées à relever des défis complexes.

Ce redéploiement semble déjà être mal perçu par les adversaires du Premier ministre, qui y voient une concentration du pouvoir entre les mains d’un cercle restreint. Certains critiquent le choix de nommer avant tout des fidèles, craignant que l’efficacité et la transparence des institutions en pâtissent. Ces tensions soulignent que la stratégie du PM pourrait alimenter des oppositions politiques et des frictions internes à l’administration.

Cette stratégie montre à la fois la maîtrise du Premier ministre sur son équipe et sa volonté de centraliser le pouvoir administratif. Placer ses fidèles dans des postes stratégiques garantit le suivi de ses orientations, mais pose également la question de la méritocratie et de la compétence réelle.

Certains observateurs mettent en garde contre un risque de bureaucratie allégée mais inefficace, où les décisions pourraient être orientées davantage par la loyauté que par la performance. La concentration des postes-clés entre les mains de proches du Premier ministre pourrait limiter les initiatives et la diversité d’idées au sein de l’administration.

Si le Premier ministre parvient à conjuguer fidélité et compétence, cette stratégie pourrait renforcer l’efficacité de la Primature et la cohérence de l’action publique. Mais si la priorité reste uniquement la loyauté, certains secteurs risquent de subir des retards ou des insuffisances dans la mise en œuvre de projets, tandis que l’opposition politique pourrait en faire un argument de critique publique.

Cette recomposition silencieuse confirme que Moctar Ould Diaye continue de modeler l’appareil administratif à son image, mêlant stratégie politique et ambitions personnelles, avec tous les avantages et risques que cela comporte.

Yadaly Fall

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