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Festival de Djéol: les populations louent l’initiative du Président de la République

Le Festival de Djéol dont la date d’organisation a été calée sur les 17, 18 et 19 mars, est accueilli par les habitants de cette ville et par ceux du Gorgol et de la Vallée de manière, générale, comme l’Evénement de l’année. Inscrit sur la liste des festivals nationaux parrainés par le ministère de la Culture, de la Jeunesse, des Sports et des Relations avec le Parlement, le festival de Djéol est une initiative personnelle de Son Excellence le Président de la République, Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. A ce titre, l’engagement des différents départements dans la réussite de ce festival n’a d’égal que l’enthousiasme des populations pour cette première édition dont les retombées économiques sont visibles à travers le dynamisme de l’activité commerciale que connaissent Djéol et Kaédi à la veille du démarrage de cette importante manifestation culturelle.

Abdoulaye Borom Ba, un ancien disciple de feu El Haj Mahmoud Ba, ne peut cacher son émotion en parlant du Maître. « j’ai tout pris – appris – de El Hadj Mahmoud Ba”, dit-il, en indiquant que le village de Djeol (qui signifie « les hauteurs », en français)a été fondée en 1092 de l’hégire. « Le Maître avait toutes les qualités qui font l’Homme : forte personnalité, simplicité et amour du prochain », déclare-t-il. Il rappelle que la première école El Velah a été créée à Batha Sidi , peu avant Djeol pour ensuite gagner certaines wilayas du pays (Assaba, Guidimagha) et des pays de l’Afrique, de l’Ouest notamment.

Quant à Khalidou Sow, instituteur de son état, également ancien disciple d’El Haj Mahmoud Ba, il a rappelé que le village de Djeol a été créé il y a à peu près 400 ans. « Avant le site actuel, le nom de Djeol a été porté par plusieurs autres sites puis il s’est fixé sur le lieu actuel », affirme-t-il.« Djeol est connu pour être le synonyme du savoir et de la bravoure. Il accueillait les guerriers venus pour le protéger.

Concernant l’organisation d’un festival à Djeol, Khalidou Sow estime que c’est un évènement d’importance parce que l’idée émane du président de la République en personne.

« Nous remercions Allah et le chef de l’Etat pour l’organisation de ce festival dont les retombées sont déjà visible, même si d’autres apports immatériels, comme la valorisation de la culture dans cette zone n’ont pas de prix », affirme ce disciple d’El hadj Mahmoud Ba. Et Khalidou Sow de rappeler l’exceptionnel parcours de cet érudit de Djeol, né en 1905 et décédé en 1978. « C’était le grand combattant des causes justes », explique-t-il, dont cet amour du savoir islamique et de sa propagation dans des sociétés qui faisaient de la « résistance » pour rester ce qu’elles ont toujours été. Aujourd’hui, so œuvre continue à travers son enseignement et les écoles El Valah qui en sont la marque culturelle déposée », poursuit Khalidou Sow.

« El Haj Mahmoud Ba a compris très tôt qu’il avait une mission à accomplir, un destin à vivre, quand il décida d’abandonner la garde des troupeaux pour demander à son père l’autorisation de s’engager dans une longue quête du savoir qui le mènera d’une école coranique dans la zone à Modjeria où il aura l’occasion de parachever ses humanités auprès du cheikh Abdel Fettah Ettourkzi, parvenant ainsi à approfondir sa connaissance du Coran et de ses sciences, remplissant son temps par ce qui pouvait aider à l’atteinte du noble objectif qui l’avait poussé à quitter son Djeol natal.

Le voyage vers les Lieux Saints n’a pas été de tout repos, surtout que pour s’y rendre de son village, se trouvant à l’extrême sud de la Mauritanie, ne pouvait se faire qu’à pieds ! Du temps et un sacrifice qu’El Hadj Mahmoud Ba était prêt à consentir pour continuer sa quête du savoir.

C’est en 1929 qu’il allait donc dire adieu à son village et à son pays, traversant nombre de pays se trouvant, à l’époque, sur le long axe emprunté souvent pour se rendre aux Lieux Saints. C’est ici qu’El Hadj Mahmoud Ba allait parfaire sa connaissance des sciences islamiques parvenant à fréquenter diverses écoles, côtoyant d’éminents savants dont certains professaient dans l’enceinte même de la mosquée de la Mecque. Il rejoint aussi les écoles Al Valah, choses qui lui ont permis de s’installer durablement et de puiser des sources d’un immense savoir qu’il allait par la suite réinvestir en Mauritanie et dans certains pays de l’ouest africain. Ses rapports avec les pèlerins de divers pays allaient également lui permettre de tisser de solides relations qu’il mettra à profit, plus tard, pour l’atteinte de ses objectifs à caractère humaniste.

Sans doute que cette approche alliant la méthode classique d’apprentissage du savoir au sein de la Mosquée de La Mecque et l’engagement dans les Écoles Al Valah, aux méthodes pédagogiques bien établies, vont permettre à El Hadj Mahmoud Ba de penser et de mettre en place sa propre méthode fondée sur son expérience de plus en plus riche.

Après une décennie d’exil mis à profit pour l’apprentissage des sciences islamiques et de la langue arabe, El Hadj Mahmoud Ba prend la décision du retour au pays natal. Ce ne fut nullement un retour pour prendre un repos pourtant bien mérité mais pour se lancer dans une sorte de « restitution » de ce qui a été appris et bien assimilé pour en faire profiter la communauté du cheikh mais aussi son pays et même au-delà, éclairant une partie de l’Afrique des lumières de l’Islam et ouvrant des contrées à la langue arabe et à ses sciences.

Le Cheikh a été profondément influencé par l’expérience et l’enseignement des Écoles Al Valah à la Mecque, ce qui l’avait poussé à repiquer ce modèle pédagogique qui allait connaître une grande renommée en Mauritanie par les classes ouvertes à Djeol, Nouakchott, Kankossa, Sélibaby et dans des pays de la sous-région. Une renommée qui allait se poursuive, même après le décès d’El Hadj Mahmoud Ba, en 1978.

Au regard de son importance pour l’évolution de l’islam et des études arabo-islamiques en Afrique de l’Ouest, El Hadj Mahmoud Ba reste, pour l’essentiel, une figure « oubliée » des historiens et des islamologues. Sauf quelques études à relents hagiographiques dues à certains de ses anciens élèves, il n’existe pas de synthèse qui résulte d’une analyse critique des témoignages laissés par ses détracteurs coloniaux et maraboutiques, et des traditions – en passe de devenir formelles – que ses disciples gardent de son itinéraire de savant et d’homme d’action. Or, El Hadj Mahmoud Ba se situe, sous maints rapports, dans le droit fil de ce que David Robinson a appelé en référence à Abdul Qadir et Oumar Tall, une « tradition ininterrompue de leadership islamique ». Comme le premier, il aura fondé des mosquées ; comme le deuxième, il aura converti des groupes humains à l’islam. Plus que tous deux il aura contribué par l’exemple, en qualité d’éclaireur d’abord et de maître ensuite, à faire reculer l’ignorance grâce à une révolution du savoir et de la pratique islamiques que le mouvement « al-Falah » se fit le devoir de prendre en charge.

S.M

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