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Contribution pour une lutte contre le changement climatique au service de la lutte contre l’immigration

Important : La question de l’immigration nécessite une réponse locale de bonne gouvernance et de lutte contre l’injustice sociale en matière de répartition de richesses nationales dans les pays de départ (exportateurs). Il s’agit donc principalement d’un problème de développement local.

Aussi, tout accueil d’un flux migratoire doit être conditionné par la capacité réelle d’un territoire à fournir de manière équitable les abris et les services bases fondamentaux : eau potable, hygiène (assainissement et déchets), soins, éducation et énergie.

Contexte : La récente visite (08/02/2024) du premier ministre espagnol accompagné par la présidente de la Commission européenne suivi d’une signature d’accord le 07/03 dernier reflète une nouvelle dynamique dans la lutte contre l’immigration entre l’UE et la Mauritanie. A ce titre, nous essayerons dans les lignes qui suivent de développer comment intégrer la lutte globale contre le changement climatique dans la lutte contre l’immigration à l’échelle locale.

A retenir : Le profil du risque climatique de la Mauritanie (BMZ-GIZ, 2021) qui donne un aperçu des projections climatiques et des impacts associés sur différents secteurs d’ici à 2080, en vertu de différents scénarios de changement climatique (appelés Representative Concentration Pathways – Profils représentatifs d’évolution de concentration-RCP) montre que le pays souffrira davantage de ce fléau. Il en ressort que la disponibilité de l’eau par habitant baissera d’ici à 2080, principalement en raison de la croissance démographique. Les projections montrent que les mesures d’économie d’eau vont devenir de plus en plus importantes dans toute la Mauritanie dès 2030. Selon les scénarios, il est prévu que la température en Mauritanie augmente de 2,0 °C à 4,5 °C d’ici à 2080 par rapport aux niveaux pré industriels, avec des températures plus élevées et extrêmes dans le sud et l’ouest du pays. La part de la population affectée par au moins une vague de chaleur par an devrait augmenter, passant de 6 % en 2000 à 35 % en 2080.

Pour l’avancée de la mer, en vertu du RCP6.0 (le RCP2.6 est un scénario de réduction des émissions conformément à l’Accord de Paris, tandis que le RCP6.0 est un scénario d’émissions moyennes à élevées), le niveau de la mer devrait augmenter de 36 cm d’ici à 2080 (RCP6.0).

Aussi, la toute récente publication de la banque mondiale sur la situation économique de la Mauritanie (Sixième rapport sur la Situation Economique de la Mauritanie : Cartographie et atténuation de l’impact des inondations, 2023), indique que le Rapport Pays sur le Climat et le Développement (CCDR) du Sahel (couvrant le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie et le Niger) prévoit que d’ici 2050, sans mesures d’adaptation, le PIB annuel comparé à un scénario de base à croissance moyenne serait réduit de 5,7 % dans le cadre d’un scénario climatique optimiste et de 9,3 % dans le cadre d’un scénario climatique pessimiste. Le CCDR révèle également que, dans le cadre du scénario climatique optimiste humide, les inondations devraient réduire le PIB de (0,4%-0,5%) d’ici 2050, tandis que l’élévation du niveau de la mer réduira le PIB de (2,0%-2,3%). Dans le cadre du scénario climatique pessimiste, les effets négatifs des inondations et de l’élévation du niveau de la mer sur le PIB sont toujours attendus et pourraient même être plus importants. Les enjeux sont donc de taille pour le pays.

Citation :
« Le changement climatique est là. Il est terrifiant. Et c’est juste le début. L’ère du réchauffement climatique est terminée, place à l’ère de l’ébullition mondiale », Antonio Guterres, Secrétaire Général de l’ONU, le 27 juillet 2023.

Vers une lutte contre le changement climatique au service de la lutte contre l’immigration

Le concept que nous souhaitons développer à travers cet article consiste à créer un fond spécial climat & immigration qui sera dédié uniquement à des actions locales de lutte contre le changement climatique au profit des candidats à l’immigration dans les pays de départ, des refoulés sur le pied d’être rapatriés des pays de passage/transition ou expulser des pays d’accueil/arrivée. Une attention particulière est à apporter aux plus vulnérables (les plus pauvres, moins qualifiés, femmes et autres plus discriminées). Ce fond voulu peut également faire bénéficier des pays de transition ou d’accueil, avec une gestion exemplaire à imposer des fonds en question. Cette approche :

1. Crée de l’activité économique locale et donc contribue au développement des territoires en faveur du climat et renforce la lutte mondiale contre le changement climatique. Des filières comme l’agriculture et l’exploitation rationnelle des terres agricoles ainsi que le secteur des déchets urbains (recyclage) notamment constituent un gisement pertinent de création d’emploi dit verts.

2. Apporte une réponse locale territorialisée face au problème d’immigration et stabilise les frontières. Ainsi, elle contribue à la paix mondiale, alimenté (en partie) par les tensions au niveau de certaines sociétés des pays du Nord/d’accueil suite au flux migratoire de masse intensifié depuis les dernières années (repli identitaire et remontée de l’extrême droite/radicaux).

De ce fait, ce Fond renforcera une coopération internationale bénéfique pour le climat et la lutte contre le changement climatique avec une orientation vers le Sud, afin de répondre à deux principaux défis : l’immigration clandestine Sud-Nord et la lutte contre le réchauffement climatique et ses séquelles, qui affectent le plus des populations/zones les plus défavorisée.

Ebaye DAH EMINE

Expert Eau-Changement climatique & Développement local

Conseiller au Cabinet de la Présidente de la Région de Nouakchott

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