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Stimuler la croissance économique et développer l’entrepreneuriat en Mauritanie grâce au PUDC et au fond de garantie

En Mauritanie, la pauvreté reste un défi majeur malgré les efforts déployés par le gouvernement pour y remédier. D’après le dernier rapport sur l’IPM-M, environ six personnes sur dix (56,9%) sont multidimensionnellement pauvres.

Les zones rurales sont des poches de pauvreté qui requièrent l’attention des pouvoirs publics, car près de huit personnes sur dix (77,1%) de l’ensemble des habitants de ces zones vivent dans la pauvreté.

Les niveaux de pauvreté dans les wilayas varient considérablement, allant d’un taux relativement faible de 25,2% à Tiris-Zemmour à 90,2% au Guidimagha.

(Source : dernier rapport sur l’IPM-M novembre 2022, lien : https://ansade.mr/fr/pauvrete-multidimensionnelle-en-mauritanie/).

La pauvreté multidimensionnelle englobe un ensemble complexe de privations telles que la faiblesse du revenu, l’accès aux services sociaux de base, les conditions de vie, la sécurité alimentaire et nutritionnelle, etc. Les problèmes au niveau national qui se combinent le plus souvent avec la condition de pauvreté multidimensionnelle sont le manque d’assurance de santé, le non-achèvement de l’école primaire, le taux de promiscuité élevé, l’utilisation de combustibles solides pour la cuisson, et l’accès non-sécurisé à l’eau.

Pour réduire la pauvreté, le gouvernement mauritanien ne devrait-il pas prendre des mesures audacieuses et innovantes, telles que la mise en place d’un Programme d’Urgence de Développement Communautaire (PUDC) et d’un fond de garantie pour soutenir les jeunes entrepreneurs à l’instar d’autres pays combattant cette pauvreté multidimensionnelle ?

Le PUDC vise à améliorer les conditions de vie des populations les plus vulnérables et à réduire la pauvreté en concentrant les investissements sur les zones les plus défavorisées du pays. La création du PUDC pourrait être pertinente car elle répondrait à un besoin urgent de développement économique et social dans les zones rurales de la Mauritanie. Pour réduire la pauvreté en Mauritanie, le PUDC pourrait adopter plusieurs approches.

Tout d’abord, le programme peut se concentrer sur l’amélioration des infrastructures de base telles que l’accès à l’eau potable, l’électricité, les routes, les écoles et les centres de santé. En outre, le PUDC peut également encourager l’investissement dans l’agriculture, l’élevage et la pêche pour stimuler la croissance économique dans les zones rurales.

Il est également important que le PUDC collabore avec les communautés locales pour identifier les priorités et les besoins de développement de chaque zone. Cette approche participative permettra d’assurer que les investissements sont ciblés sur les secteurs qui ont le plus grand impact sur les populations locales.

Ensuite le Fonds de Garantie de prêt aux PME est un mécanisme financier qui vise à faciliter l’accès au financement pour les petites et moyennes entreprises (PME) en garantissant une partie du montant des prêts accordés par les institutions financières. La création de ce fonds est pertinente car il permet de résoudre un problème de financement des PME en Mauritanie, qui est l’un des principaux obstacles à l’entrepreneuriat et à la création d’emplois dans le pays.

Pour développer l’entrepreneuriat et régler la question de l’emploi des jeunes en Mauritanie, le Fonds de Garantie de prêt aux PME peut adopter plusieurs stratégies. Tout d’abord, le fonds peut travailler en étroite collaboration avec les institutions financières pour sensibiliser les entrepreneurs potentiels à l’importance de la planification d’entreprise, de la gestion financière et de la viabilité des projets.

A titre d’exemple, le Rwanda a mis en place un fonds de garantie pour les initiatives économiques des jeunes (FOGIEJ) en 2013. Ce fonds ayant pour objectif de soutenir les jeunes entrepreneurs en leur fournissant un accès au financement, à la formation et à l’assistance technique, a permis en seulement six ans l’octroi de plus de 40 000 prêts, pour un montant total de plus de 42 milliards de francs rwandais (environ 40 millions de dollars américains), mais aussi la création de plus de 50 000 emplois, contribuant ainsi à la réduction de la pauvreté mais aussi à la promotion de l’entrepreneuriat.

L’introduction d’un tel fonds en Mauritanie pourrait également encourager les institutions financières à offrir des prêts constructifs à des taux d’intérêt abordables pour les PME. Le Fonds de Garantie de prêt aux PME peut également mettre en place des programmes de formation et d’accompagnement pour les jeunes entrepreneurs afin de les aider à développer leurs compétences en matière de gestion d’entreprise. Ces programmes peuvent inclure des sessions de formation sur la planification stratégique, la gestion financière et la commercialisation.

Le fonds peut également collaborer avec d’autres acteurs de développement pour faciliter la création de réseaux d’affaires et la mise en place de partenariats entre les PME, ce qui peut contribuer à renforcer leur positionnement sur le marché.

En conclusion, la mise en place d’un PUDC et d’un fonds de garantie (FGPME) en Mauritanie pourrait constituer une stratégie efficace pour réduire la pauvreté, promouvoir l’entrepreneuriat et stimuler le développement économique. Dans l’ensemble, il est clair que le gouvernement mauritanien est engagé dans la lutte contre la pauvreté et la promotion du développement économique dans le pays (TAAHOUDATY, Taazour, Propep etc.).

Cependant, il est également important de considérer l’impact et l’efficacité de ces programmes, ainsi que la nécessité de programmes supplémentaires pour renforcer les efforts actuels. Le Sénégal, le Togo et le Rwanda ont déjà démontré l’efficacité de ces initiatives, mais la Mauritanie peut aussi en tirer les leçons apprises sur l’exécution de ces programmes, ainsi que leur efficacité et leur durabilité.

Il est maintenant temps que la Mauritanie emboîte le pas et investisse dans ces programmes pour améliorer davantage la condition de vie des populations, en capitalisant sur les leçons tirées par les pays ayant exécutés ces programmes, et en mettant un point d’honneur au transfert de compétences et au développement du capital humain de manière pérenne afin de profiter d’une amélioration durable et générale des conditions de vie des populations.

Alassane Adama SY

IT Engineer / Data Analyst

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