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Déclaration : un dialogue national bancal

Depuis quelques jours, notre pays, la Mauritanie se fait l’écho de propos assourdissants sur l’éventualité d’un dialogue de ses enfants sur l’avenir du pays. Cette éventualité, plusieurs fois annoncée, semble s’acheminer vers un processus bancal.

En effet, depuis la fameuse Conférence de la Baule, ayant déclenché le processus démocratique dans les anciennes colonies françaises d’Afrique, suite à des « conférences nationales », la Mauritanie a toujours voulu se présenter comme une exception, en refusant d’emprunter le chemin de ces rencontres, considérées, par certains, comme des « manifestations folkloriques de la négritude » (…).

Or, au moment de la tenue de ces fameuses conférences, la Mauritanie connaissait une des plus graves crises de son existence. Ces évènements méritaient, plus que ceux observés dans les autres pays, une concertation poussée de l’ensemble des composantes du peuple mauritanien. Les dirigeants du pays avaient préféré la politique de l’Autriche, comptant sur l’usure du temps.

En 2005, avec le changement à la direction du pays, certains compatriotes avaient espéré voir se tenir de véritables concertations, notamment autour de l’épineuse et sempiternelle question de l’unité nationale. Leur déception fut grande à l’occasion des fameuses « Journées nationales de concertation » de novembre 2007, qui n’ont pas été l’occasion de la catharsis attendue. Et, poursuivant la fuite en avant, les dirigeants du pays ont continué à organiser des rencontres en leur attribuant des titres trompeurs de « dialogue ».

Aujourd’hui encore, les Mauritaniens assistent à l’organisation d’une autre rencontre, pompeusement dénommée « dialogue national », à laquelle ne sont conviés que des représentants de partis politiques.

Or, il doit être question de problèmes cruciaux de la Mauritanie, de problèmes de la survie même de ce pays multinational en butte à des problèmes de vivre ensemble de ses composantes. Et, les politiques ne sont pas seuls à devoir en débattre.

En effet, qui mieux que les représentants de la société civile, doivent discuter des problèmes liés à l’unité nationale, à la cohésion sociale, au mieux être des populations du pays ?

Depuis des années, des femmes et des hommes ont usé de tous les moyens en leur possession, pour fustiger les pratiques rétrogrades d’esclavage, de racisme d’Etat et d’exclusion éhontée de toute sorte. Et, ces femmes et ces hommes ne demandent qu’à trouver des solutions idoines à ces questions, dans le cadre d’un dialogue réel et sincère.

Les organisations de droits humains, les associations culturelles, les syndicats des travailleurs et les diverses organisations professionnelles ne cesseront d’œuvrer en vue de solutions justes et durables à ces questions fondamentales.

C’est pourquoi les militants et responsables des organisations membres du FONADH, conscients du rôle irremplaçable de la société civile, dans la marche d’un Etat qui se respecte :

  • flétrissent avec la dernière énergie cette exclusion, qui n’honore ni les organisateurs de cette rencontre, ni notre pays ;
  • rendent les autorités étatiques responsables d’un inévitable échec d’une rencontre dont l’annonce avait suscité beaucoup d’espoir de la part de nombre de nos compatriotes ;
  • restent mobilisés pour participer à toute action susceptible d’apporter des solutions justes et durables aux questions fondamentales de la Mauritanie.

Fait à Nouakchott, le 28 avril 2022

Les signataires :

  • Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH),
  • Collectif des Anciens Fonctionnaires de la Police Victimes des Evénements de 1989
  • Collectif des Rescapés, Amnistiés, Détenus Politiques Civils Torturés(CRADPOCIT)
  • Collectif des Veuves,
  • Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des Droits Humains en Mauritanie(CSVVDHM),
  • Groupes d’Etudes et de Recherches sur le Démocratie et le Développement Economique et Social (GERRDES),
  • Ligue Africaine des Droits de l’Homme (Section Mauritanie),
  • Regroupement des Victimes des Evénements de 1989- 1991 (REVE),
  • SOS – Esclaves,
  • Association des Femmes Chefs de familles (AFCF),
  • Association de la Femme Citoyenne Engagée (AFCE)
  • Association Mauritanienne pour la Promotion de la Langue et de la Culture SOONINKE (AMPLCS),
  • Association pour la Renaissance du Pulaar en RIM (ARPRIM),
  • Association pour le Renforcement de la Démocratie et de l’Education Citoyenne (ARDEC),
  • Association pour le Développement Intègre de L’Enfant (APDE),
  • Association pour la Promotion de la Langue Wolof en RIM (APROLAWORIM),
  • Association d’Appui au Développement à la Base (SALNDOU).
  • Ligue Mauritanienne des Droits de l’homme (LMDH),
  • Union Nationale des Rapatriés Mauritaniens du Sénégal (UNRMS)

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