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Quand la consultation précède le dialogue

On sait que la concertation et la coopération dans les domaines économique et de développement sont des processus « participatifs » qui visent à impliquer les parties prenantes, des secteurs et acteurs concernés, dans la définition des politiques publiques pour atteindre des objectifs communs d’intérêt général. Ainsi donc, la consultation s’avère être un moyen d’établir le « dialogue » entre les pouvoirs publics et les parties prenantes, y compris les acteurs du secteur privé et les agences gouvernementales, sur les politiques, la législation, les pratiques et les approches opérationnelles. La coopération s’exprime à travers le partage des responsabilités et des tâches assignées à un processus opérationnel spécifique, et la fourniture de services de manière conjointe, car les divers départements et organismes gouvernementaux interagissent les uns avec les autres pour passer d’actions unilatérales, c’est-à-dire de la mise en œuvre unilatéralement par une entité ou une organisation en interne, aux processus d’affaires basés sur leur développement et la participation de tous les cadres institutionnels, et plus encore que le secteur privé soit intégré dans le processus d’affaires commun.

Cette définition s’applique, dans ses moindres détails, à la consultation à caractère politique, où toutes les parties intéressées par les questions politiques, formations, organisations de la société civile et autres représentants des opinions populaires, s’assoient à la même table pour déterminer les perspectives de coopération afin :

– de traiter les problèmes, les perceptions et les objectifs réels, et d’imaginer des solutions progressives ;

– d’asseoir la légitimité des changements proposés et de renforcer l’engagement de mise en œuvre ;

– de renforcer la confiance entre les parties et les partenaires ;

– d’établir un dialogue entre les parties et partager les informations ;

– d’aplanir les désaccords et les différends entre les différents ensembles, groupes et orientations ;

– de renforcer le Partenariat et la responsabilité lors de la mise en œuvre des solutions, des plans et des consensus ;

– d’harmoniser les efforts progressifs les plus efficaces de simplification.

Quant à la notion de dialogue, elle signifie que plusieurs parties échangent pour converger, soit la condition préalable à un dialogue entre les parties autour d’un objectif défini. Mais autant la partie peut aboutir à un résultat, autant l’entente peut être de mise faute d’arguments convaincants pour les uns comme pour les autres.

Le concept de dialogue est également défini comme étant un processus d’échange d’opinions et d’idées entre deux ou plusieurs parties, dans le but d’exprimer une opinion spécifique ou un fait confirmé. L’utilisation du concept de dialogue n’est pas nouvelle, car certains voient que le dialogue est un  échange entre deux ou plusieurs parties, et qu’il s’agit d’une reformulation sans cesse de la parole, dans le but d’atteindre des concepts convergents, un langage commun, et un diagnostic unifié visant à résoudre si possible les divergences, les problèmes et les questions en suspens. Le dialogue est aussi un type de conversation entre deux individus, ou deux groupes, dans lequel la parole s’échange, de manière égale, afin qu’aucune partie n’ait le monopole de la parole loin de toute forme de fanatisme.

Dans la pensée culturelle et politique contemporaine, le concept de dialogue est l’un des nouveaux concepts qui circulent depuis peu. Et tous les pactes et chartes internationaux émis au cours des dernières décennies, après la création de l’Organisation des Nations Unies – qui ont abandonné le concept de dialogue malgré sa modernité et sa nouveauté. Le concept de dialogue peut également être défini à partir des déterminations précédentes, comme un échange d’idées et d’opinions sur un sujet ou une question spécifique, de manière égale entre deux ou plusieurs parties, loin de toute exaltation, afin de parvenir à des concepts convergents ou rapprochés, pour parvenir à résoudre les différends et régler les divergences par des voies pacifiques.

Le dialogue, une fois ses raisons, ses justifications et ses conditions obtenues, va se dérouler selon son éthique propre, qui s’articule autour de la patience pour écouter toutes les opinions divergentes – la divergence étant une nature humaine – d’une bonne déclaration, du bon choix de la circonstance appropriée, du refus de la monopolisation de la parole et de l’opinion, et d’une capacité habile d’écoute loin d’interrompre. La pierre angulaire de ce code de l’étique reste bien évidemment de commencer par les points d’accord et de convergence. Le code d’étique comprend aussi :

–        Le refus de l’intolérance vis-à-vis des opinions exprimées,  des attitudes et des idées affichées, le but du dialogue étant de faire prévaloir la vérité.

–        Le choix du langage saint et de l’expression fine et plaisante, ainsi que l’esquive des propos blessants et injurieux.

–        Le dialogue doit s’appuyer sur des preuves, des arguments et des raisons approuvables.

–        L’évite de la contradiction dans la réponse à l’autre.

–        La cohérence dans le principe du dialogue, l’humilité dans l’action et la parole, et l’esquive du déni et mépris.

–        Le but du dialogue est d’atteindre la vérité, pas la victoire sur l’autre.

–        L’écoute et le bon discernement.

–        La capacité  à participer au dialogue et la maitrise de ses procédés et exigences.

–        La connaissance du niveau d’instruction et des capacités intellectuelles du vis à vis, la compréhension de sa psychologie, qu’il s’agisse d’un groupe ou d’un individu.

Etant donné que l’appel au dialogue dans notre pays est devenu un leitmotiv dans la bouche de nombreux dirigeants politiques toutes obédiences et orientations confondues aux besoins et objectifs déclarés, et velléités à peine voilées. Un appel au dialogue qui cache mal l’absence de sincérité de ces appelants envers la patrie pour son unité et sa cohésion menacées; Unité et cohésion qui naguère tiraient pourtant leur quintessence des liens étroits de fraternité divinement établis par l’Islam. Les discours non étayés et non encadrés des uns et des autres ont brouillé toute vision rationnelle et provoqué des fissures dans le tissu social, éloignant les uns des autres et cachant mal les querelles byzantines et l’absence d’action de sensibilisation pour un sursaut national de la lutte contre l’injustice, la pauvreté, l’ignorance, la maladie et pour l’établissement de l’Etat de droit.

L’exigence d’un dialogue sans agendas préalables, ni orientations précises, ni stratégies et  fondements communs, ni préparation, en l’absence de toutes conditions rationnelles claires de son engagement, n’était alors qu’une provocation précipitée d’une rencontre des tenants de l’échiquier politique, autour d’une même table, pour un dialogue des sourds.

C’est bien suite à l’escalade toujours incessante du contentieux politique ainsi maintenu et de son accoutumance – effet progressif de l’anesthésie – qui a obstrué toutes les issues vers une quelconque entente, qu’est venue, à point nommé, l’initiative éclairée du Président de la République, M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, d’entamer une «concertation» qui préluderait à un «dialogue » porteur si la nécessité en est établie; Une initiative, lucide de grande teneur, qui cadre avec une lecture hautement attentive de la situation politique du pays, aux grands traits de délibération, de signes incontestables de sagesse et de maturité politique sans faille, avec pour objectif précis de créer un «rapprochement» entre toutes les parties sur les questions et enjeux majeurs.

C’est sans doute pour cela que cette orientation vers une « consultation » a été largement perçue comme le moyen le plus sur pour une meilleure  préparation des participants de divers horizons et différentes obédiences idéologiques et orientations politiques, vers une meilleure  maîtrise de leurs divergences. Cette consultation s’avère être aussi, à ce titre, la meilleure approche et l’outil le plus approprié pour assurer l’échange sur les points de convergence et parvenir à des aboutissements qui prépareraient une «plate-forme» permanente de «dialogue» et imposerait de facto la coopération entre les acteurs politiques et autres concernés à s’orienter vers les objectifs communs ; Lesquels objectifs militeraient pour l’intérêt d’un pays dont la superficie et les richesses, à préserver, suffisent à tout le monde.

El Wely Sidi Heiba

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