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Mauritanie : l’opposition pour un dialogue, pas des concertations

Afrimag – Sept partis de l’opposition mauritanienne (Al Moustaqbel, APP, CVE, CVE/VR, Parti Mauritanien pour la Défense de l’Environnement, RAG, RNRD – Tawassoul) ont inauguré leur rentrée politique, ce lundi 16 août 2021, par l’organisation d’une conférence de presse commune qui fustige l’attitude du pouvoir du président Ghazouani concernant l’appel qu’il s’apprête à lancer pour l’organisation de journées de concertations nationales et non pas d’un dialogue inclusif.

Il s’agit probablement de la première grande manœuvre entreprise par ces partis pour réorganiser le camp de l’opposition, même s’il manque à l’appel de grandes formations comme le Rassemblement des forces démocratiques (Rfd) d’Ahmed Ould Daddah, et l’Union des forces de progrès (Ufp), de Mohamed Ould Maouloud, connus pour leur farouche opposition aux régimes de Taya (1984-2005) et de Mohamed Ould Abdel Aziz (2009-2019).

Ce sont donc bien les éléments de langage, dans la perspective de l’organisation prochaine de ce que le pouvoir préfère appeler «Concertations nationales», et non «Dialogue », qui commence à rompre le charme qui a permis au président Ghazouani de passer tranquillement les deux premières années de son quinquennat.

Si le consensus peut être trouvé autour de ce que le pouvoir, par le biais de sa majorité, et notamment de l’Union pour la République (UPR), appelle «les grandes questions de l’heure», à savoir l’UNITE NATIONALE, l’éradication des séquelles de l’esclavage et la gouvernance politique (élections), il est clair que les deux camps ne sont pas d’accord sur l’intensité à donner aux débats en choisissant de les inscrire dans le cadre d’un dialogue ou de simples concertations.

Soutenu par une majorité confortable (105 députés pour la seule UPR sur un total de 159, 170 maires sur 218 et 13 conseils régionaux sur 13), le pouvoir ne veut pas entendre parler du mot «Dialogue», estimant que le pays ne traverse pas une crise politique comme du temps de l’ancien président Aziz. Mais c’est justement à propos de cette différence d’appréciation de la situation politico-sociale actuelle que naît la nouvelle polémique.

Le président de l’Alliance populaire progressiste (APP), Messaoud Ould Boulkheir, placé par Aziz à la tête du Conseil économique et social et maintenu par Ghazouani avec augmentation sensible du budget de cette institution dont l’inutilité est décriée par l’ensemble des Mauritaniens, reproche au pouvoir de refuser l’idée d’un dialogue ! Pour le président de l’APP, ancien candidat malheureux à plusieurs présidentielles, entre 1992 et 2019, «la Mauritanie n’a jamais été dans une crise aussi grande que celle qu’elle traverse actuellement, sauf si le gouvernement qui la nie veut que les citoyens en viennent aux mains ! »

« Oui, les Négro-africains sont exclus, exclus de tout… »

Et Ould Boulkheir de conclure sa tonitruante intervention par ces mots : «un président qui a peur de faire face aux problèmes doit démissionner. Oui, les Négro-africains sont exclus, exclus de tout : du pouvoir, de l’armée, de la police… quelle crise veut-on plus grande que celle-ci ? On ne peut soigner les maux, comme le passif humanitaire, en les niant. On n’a pas demandé à discuter de ce qui se passe chez nos voisins mais de nos nombreux problèmes.»

Dans le discours préliminaire, cette nouvelle coalition de l’opposition reproche au président Ghazouani le renoncement à ses « promesses » (programme Taahoudati) en commençant par refuser l’idée même du dialogue. Deux ans ont suffi pour s’assurer que la rupture promise avec l’Ancien régime n’était qu’un leurre. La hâche de guerre est donc bien déterrée.

Par la Rédaction

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