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Editorial :Le pouvoir de Ghazouani hypnotisé par Aziz

Les gouvernements successifs de l’èreGhazouani  ont montré leurs limites ; n’ayant pas réussi jusque là à renverser la tendance négative et à se départir de la mauvaise étiquette que les mauritaniens ont collé depuis des décennies à leurs dirigeants.

Comment d’ailleurs pouvait-il en être autrement quand on sait que nous avons quasiment affaire au même mode de pouvoir que celui de Aziz. D’ailleurs ce dernier est la seule pièce manquante au puzzle.

Ghazouani gouverne avec les hommes de Aziz, avec tous les caciques de l’ancien régime et du parti au pouvoir. Ils ont tout juste changé de veste et proclamé leur allégeance au nouveau maître du pays.

Quant à son prédécesseur qui était vénéré comme un Dieu et placé sur un piédestal, il est désormais considéré comme un pestiféré et voué aux gémonies.

 Placé sous contrôle judiciaire l’homme s’est retrouvé tout seul. Même son dernier cercle de fidèles a pris ses distances.

Ainsi l’affaire Aziz qui traîne en longueur malgré la gravité des charges qui pèsent contre lui arrange apparemment le pouvoir en ce sens que ses rebondissements réguliers permettent d’amuser la galerie et de détourner l’attention de l’opinion sur les vrais problèmes du pays.

C’est tout de même bizarre que Aziz qui est placée sous contrôle judiciaire dans sa villa féérique  puisse avoir toute cette marge  de manœuvre et cette liberté de ton allant jusqu’à friser la révélation des secrets d’Etat.

Aujourd’hui encore malgré la suspension de son compte Facebook il continue à donner du fil à retordre à un pouvoir qui s’en accommode bien.

En jetant son dévolu sur cette affaire amplifiée à dessein, le gouvernement traîne les pieds dans l’application de l’ambitieux programme du président  « Taahoudati » (Mes engagements).

Face au déluge de protestations et de critiques émanant de la blogosphère, la communication officielle brille par son absence et les responsables de l’Etat se contente d’encenser le président de la République en rivalisant de superlatifs.

Les injustices criantes, le clientélisme sont toujours de mise. Le chômage bat son plein, la hausse des prix se poursuit de plus belle, le pouvoir d’achat s’érode, les inégalités se creusent, l’exclusion persiste et les programmes de l’Agence Taazour ignorent les plus pauvres du fait de l’imperfection du registre social.

L’hémorragie financière est pointée du doigt par l’opposition qui dénonce l’opacité de l’octroi des marchés publics. 

Beaucoup de chantiers annoncés en grande pompe sont restées en rade. Tel est le cas par exemple de l’un des plus importants d’entre eux, celui de l’école républicaine qui a du plomb dans l’aile comme l’ont clamé haut et fort les enseignants du primaire et du secondaire qui ont exprimé leur ras-le-bol tout au long de cette année scolaire.

Autre épine dans le pied du pouvoir actuel, il s’agit de l’insécurité galopante dans les grandes villes comme Nouadhibou où des meurtres atroces ont défrayé la chronique récemment et Nouakchott qui détient la palme d’or de l’insécurité et où les crimes, comme celui de Toujounine il y a quelques jours ont pris des proportions inquiétantes.

Des meurtres perpétrés par des jeunes issus des couches défavorisées, abandonnés à leur triste sort et qui n’ont plus comme refuge que la drogue et le crime.

Pourtant il suffit d’investir dans cette jeunesse en utilisant à bon escient les fonds qui coulent à flots et dont on ne voit pas l’effet. Il convient également de réduire le traitement et le train de vie de la pléthore des hauts responsables de l’Etat dont certains sont inutiles et juste parachutés pour services politiques rendus.

Malheureusement aujourd’hui, tous ces grands problèmes sont occultés par l’affaire Aziz, qui n’est qu’un épiphénomène.

Le grand paradoxe de la gouvernance  Ghawouani c’est le recours massif voire même exclusif à des personnes recyclées et re-recyclés alors que le pays regorge de cadres de haut niveau, des cadres blancs comme neige dont des centaines voire des milliers travaillent aujourd’hui dans des pays développés et des institutions internationales de renom. On en trouve même à la NASA.

Pourquoi au moment où le pays manque cruellement de cadres valables et où l’administration est sclérosée, on ne fait pas appel à nos cadres brain-drain ?

Pourquoi ne fait-on pas appel à ceux qui sont sur place mais sont exclus à cause de leurs idées constructives et de leurs appartenances politique ou raciale ?

Comment dans ces conditions peut-on espérer sortir de l’auberge ? Cela donne en tout cas à réfléchir.

L’ouverture politique vantée par tous s’est limité jusque là à des têtes à tête avec les responsables politiques et les personnes ressources et à des déclarations d’intention.

Obnubilé par son encombrant prédécesseur, le président de la République est en passe de rater le coche. Comment peut-il ne pas tirer profit d’une si belle occasion pour redorer son blason ?

En effet, tout le gotha politique, tous les patriotes animés par l’amour de la patrie s’attendent à l’ouverture d’un dialogue national inclusif qui va débattre de tous les problèmes du pays et aboutir à une feuille de route claire et consensuelle destiné à corriger le système inégalitaire inouï en vigueur et consacrer la paix des cœurs et la naissance d’une nouvelle Mauritanie réconciliée avec elle-même.

Bakari Gueye

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