Cri de cœur des coopératives agricoles villageoises du Trarza

Les coopératives agricoles villageoises de la vallée du fleuve Sénégal (Mauritanie) ne cachent plus leur colère.
Le mercredi 15 octobre 2025, lors d’une distribution de semences et de matériels agricoles organisée à la délégation régionale du Trarza, l’espoir tant nourri par les producteurs s’est transformé en amère déception.
Ce jour-là, de nombreuses coopératives ont constaté, avec stupéfaction, la modicité des appuis reçus. « C’est une montagne qui a accouché d’une souris, s’indigne une productrice et présidente de coopérative des femmes ».
Comment comprendre qu’une coopérative de plus de 50 membres puisse se voir attribuer une seule pelle, un râteau, un pot de 250 grammes de graines de chou, et quelques centaines de grammes de tomate, de piment, d’aubergine, de laitue et de salade ?
Ces quantités symboliques sont loin de répondre aux besoins réels des producteurs, encore moins à la vision affichée d’une souveraineté alimentaire nationale.
Des efforts sont fournis, certes, mais souvent détournés de leur objectif initial. Nous reconnaissons les efforts considérables consentis par l’État mauritanien pour soutenir le secteur agricole.
Mais à la base, ces appuis n’atteignent pas toujours les véritables bénéficiaires. Les dysfonctionnements dans la chaîne de distribution privent les coopératives villageoises — acteurs de première ligne — de moyens concrets pour produire efficacement.
« Nous n’avons accès ni aux financements, ni aux matériels agricoles (tracteurs, moissonneuses), ni aux intrants agricoles de qualités. Nous sommes fatiguées ! », s’exclame la présidente d’une coopérative féminine.
Et pourtant, les coopératives agricoles villageoises jouent un rôle déterminant dans le développement du pays.
Elles sont plus de 150, regroupant environ 30 000 producteurs et productrices. Elles participent activement à la création d’emplois pour les jeunes et les femmes, à la lutte contre l’exode rural et l’émigration clandestine, et contribuent à la sécurité alimentaire de la Mauritanie.
Malgré ces contributions, elles demeurent les parents pauvres du secteur agricole : marginalisées dans les programmes, sous-équipées et rarement écoutées.
Nous lançons un appel pressant au ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire afin qu’il prenne des mesures fermes pour mettre fin à ces injustices et rétablir la confiance entre l’administration et les producteurs.
Nous sollicitons également l’attention bienveillante de Son Excellence le Président de la République, Mohamed Cheikh El Ghazouani, pour que les coopératives agricoles villageoises, véritables piliers du monde rural, puissent enfin accéder équitablement aux financements, aux intrants et aux équipements agricoles.
L’avenir de la souveraineté alimentaire nationale dépend d’elles. Et elles, aujourd’hui, crient simplement : nous sommes fatiguées, mais nous voulons travailler !
Par : Habib Saliou Sall
Président de la coopérative agricole Takhaw Nguir Yôkuté Mbaye Mi