Quand le rasage des cheveux de la tête devient une peine: recul des droits humains au pays de Terre des Hommes

Ce n’est pas parce que le jeune lanceur d’alerte ALY OULD BEKKAR est un oncle que j’écris ces lignes pour dénoncer les traitements infamants et dégradants qu’il a injustement subis ;c’est surtout parce que c’est un jeune parmi des milliers qui croient en leur pays et en ses immenses ressources humaines et potentialités naturelles de nature à en faire un pays vraiment émergent.…
Ce qu’a subi donc ce jeune n’est pas une simple violation individuelle de ses droits , mais bien un symptôme révélateur d’une culture autoritaire , fondée sur la répression des opinions et la primauté de la coercition sur l’État de droit.
Voici un bref aperçu sur cet incident à travers ses dimensions juridique, politique, sociale et symbolique, avec des développements simples et évidents pour dénoncer fermement cet acte.
1. Dimension juridique :
– Des violations graves des droits fondamentaux
Aucune base légale pour l’emprisonnement :
-Le droit mauritanien ne criminalise pas la diffusion de « d’informations erronées » en dehors des cas de diffamation ou de dénonciation calomnieuse à moins que l’État ne prouve un réel danger pour la sécurité publique, ce qui n’a pas été fait jusqu’ici.
– Le Rasage forcé des cheveux de la tête:
– Enfreint l’article 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques interdisant les traitements cruels ou dégradants;
Constitue une forme de torture symbolique visant à humilier, non à rendre justice.
– Rappelle les pratiques des régimes totalitaires et s’apparente à une punition sociale informelle inacceptable dans un État de droit.
2. Dimension politique :
3. – L’ancrage d’un État policier :
4. L’Usage de la police judiciaire militaire pour punir un citoyen civil : Cela montre une militarisation de la vie civile et un empiètement grave et solennel sur le pouvoir judiciaire.
—Silence institutionnel :
Le ministère concerné n’a pas jugé utile de publier de communiqué officiel sur les informations du lanceur d’alerte L’unique réponse a été la force brutale, en lieu et place d’un démenti sous forme et fond de style démocratique.
—Stratégie de terreur:
L’objectif semble être d’intimider tous les activistes et blogueurs : qui critique, sera maltraité et humilié.
4.Dimension symbolique:
– Une atteinte à la citoyenneté :
—Humiliation publique : Le rasage forcé des cheveux de la tête n’est pas une mesure disciplinaire, mais un acte de domination physique et psychologique, destiné à briser la dignité de la personne;c’est un précédent horrible.
—Atteinte au principe d’égalité entre citoyens :
Quand les auteurs de critiques de l’action publique sont traités comme des ennemis, c’est toute la notion de citoyenneté équitable qui vacille et s’effondre.
—Promotion de la répression au lieu du dialogue:
L’incapacité à tolérer la critique renforce la fracture entre l’ETAT et la société civile, sapant les bases de la paix et la stabilité sociales.
—Atteinte à l’image du pays:
Ces actes donnent au pays une image négative sur le plan international et affaiblissent sa crédibilité en matière de respect des droits humains.
Enfin,le pouvoir judiciaire qui est le gardien des libertés individuelles et collectives doit prendre ses responsabilités et faire respecter strictement les droits liés au respect des droits fondamentaux de la personne humaine.
Nouakchott le 14 AOÛT 2025
SEYID OULD ELGHEYLANI
-Ancien procureur général près la cour suprême
-Ancien président de la cour suprême
-Ancien président de l’instance judiciaire de l’union du Maghreb Arabe