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Marc Crandall, président fondateur de CWP, évoque les étapes de l’exploitation de l’hydrogène vert en Mauritanie

CWP est arrivée en Mauritanie en 2021 avec l’intention de développer les premières centrales à hydrogène et ammoniac verts du pays grâce à son projet AMAN, situé dans le nord du pays, près de Nouadhibou. CWP a été la première d’une série d’entreprises internationales à annoncer des objectifs similaires dans le pays. Plus récemment, en 2024, CWP a annoncé avoir conclu un accord avec la SNIM pour étudier conjointement l’utilisation de l’électricité verte – d’origine éolienne et solaire – afin de contribuer à certains aspects de l’activité de la SNIM, notamment la réduction directe du minerai de fer.

1. Alors, où en est la situation ? Verra-t-on bientôt de l’hydrogène vert produit en Mauritanie ?

Eh bien, il va falloir attendre un peu avant d’avoir de l’hydrogène vert produit dans un avenir proche. Notre projet initial prévoyait de commencer à produire de l’hydrogène vert et le produit final d’exportation, l’ammoniac vert, en 2029. Afin de financer la construction d’une telle installation – un investissement d’environ 5 milliards de dollars – nous devions pré-vendre la majeure partie de l’ammoniac vert à des clients extérieurs à la Mauritanie. Cependant, les conditions réglementaires et économiques nécessaires à ces ventes ne sont pas encore réunies dans les pays où nous espérions trouver des clients, et partout dans le monde, des acheteurs potentiels d’ammoniac vert ont annoncé des reports de leurs achats initialement prévus. Cependant, ils achèteront finalement, même si les choses sont désormais retardées. Nous n’envisageons absolument pas de modifier notre stratégie, mais nous avons bien sûr demandé au gouvernement de patienter jusqu’à l’arrivée des marchés extérieurs nécessaires pour permettre la construction. AMAN se concrétisera, mais pas aussi rapidement que nous l’espérions.

2. Avez-vous trouvé le gouvernement coopératif et compréhensif face aux défis auxquels AMAN est confronté, et l’environnement des affaires mauritanien a-t-il été facile pour vous de travailler ?

En fait, la réponse à ces deux questions est majoritairement « oui ». Le gouvernement dispose de nombreux fonctionnaires et responsables politiques dévoués, qui nous ont tous écoutés avec ouverture d’esprit tandis que nous leur expliquions notre situation et les défis particuliers auxquels nous sommes confrontés sur ce marché difficile. Nous sommes convaincus qu’ils restent patients et optimistes quant à notre réussite.

Ce sera un événement majeur pour la Mauritanie lorsqu’il se concrétisera, et il nous incombe de convaincre le gouvernement que l’attente en vaut la peine et que l’accord AMAN spécifique que nous tentons de signer – la Convention Globale – est le moyen approprié de réglementer nos activités avec une souplesse légèrement supérieure à celle initialement envisagée lors de la promulgation du code actuel de l’hydrogène par le gouvernement.

Nous continuerons à défendre nos arguments et nous savons que nous sommes entendus, même si nous ne sommes pas encore parvenus à un accord sur certains points importants. Les capacités techniques du gouvernement étant très élevées, nous pensons que nous avons d’excellentes chances d’atteindre nos objectifs et de voir le projet progresser.

Quant à l’environnement des affaires mauritanien, nous avons toujours eu une expérience positive dans le pays. Nous avons pu recruter du personnel hautement qualifié et l’application de toutes les lois et réglementations qui nous concernent a été transparente et équitable. Nous échangeons régulièrement avec d’autres investisseurs étrangers ici et je suis heureux d’annoncer qu’ils partagent nos bonnes expériences. Jusqu’à présent, tout cela est très encourageant.

3. Qu’en est-il de votre collaboration avec la SNIM ? Avez-vous progressé sur ce front ? Verrons-nous bientôt davantage d’énergies renouvelables utilisées dans notre secteur minier ?

Nous pensons que le secteur de l’extraction du minerai de fer présente d’énormes opportunités, à commencer par la SNIM, mais aussi par les autres sociétés minières que le gouvernement a attirées dans le pays, qui prévoient chacune de nouvelles mines de grande envergure . L’industrie sidérurgique mondiale est en pleine mutation : les hauts fourneaux (qui consomment du charbon et produisent du dioxyde de carbone – CO₂) sont remplacés par des fours à arc électrique, dont l’exploitation est nettement plus propre, mais qui nécessitent un minerai spécial à très haute teneur, abondant dans le sous-sol mauritanien, mais dont la production nécessite beaucoup d’énergie. Ainsi, les mutations de l’industrie sidérurgique mondiale profiteront in fine à la SNIM et au pays. Cependant, pour suivre le rythme de ces changements, la SNIM et les autres sociétés minières de fer devront utiliser une part croissante d’énergie verte renouvelable
Et nous sommes honorés de pouvoir participer a cette transition, dans le cadre de la phase 1 de notre projet AMAN.

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