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Féralla/MBAGNE : les paysans bravent les bombes lacrymogènes de la police et critiquent la banque mondiale

Les paysans de la cuvette de « Koylol », venus de Féralla, de Mbahé, de Niabina, de Woloum Hatar, de Wending, de Bagodine et de Mbagne sont sortis massivement le 22 février 2021 pour manifester pacifiquement contre le projet de réhabilitation du périmètre d’une superficie de 300 Ha d’Ibn Khaldoum.
Dès 11 heures du matin, juste après le douaa (bénédiction) prononcée par un notable prés du forage où était rassemblé la foule.
Aussitôt après, les marcheurs dont plusieurs jeunes nés après les évènements douloureux de 1989, bandeaux rouges enfilés autour de la tête se dirigent vers la cuvette de « Koylol » en rangs dispersés. Scandant, libérez ! libérez ! libérez !
Allahou Akbar plusieurs fois et agitant de géantes banderoles sur lesquelles on pouvait lire, « Banque mondiale soutien de politiques d’exclusion, halte à la boulimie foncière » ou cette banderole lançant une mise en garde aux autorités, les sommant à renoncer aux travaux d’aménagement du périmètre ou par exemple celle dénonçant le financement de la banque mondiale pour aider à les déposséder de leurs terres, exigeant au passage la restitution de leurs terres spoliées depuis 1989.
La banque mondiale indexée ouvertement
Plus des deux tiers des slogans dénonçaient l’attitude de la banque mondiale. Du jamais vu dans cette contrée du sud, des citoyens dénoncer ouvertement le financement de la banque mondiale. Ce qui veut dire, non au parrainage de l’accaparement des terres par la banque mondiale.
Avant de se retrouver à l’intérieur de la cuvette. Alignant ainsi, les différentes banderoles en ligne sur les diguette du périmètre en cours de réalisation. La police qui veillait au grain prés du périmètre s’est alors déplacée pour s’approcher des manifestants. Le Hakem de la Moughataa qui a été modéré cette fois-ci a dépêché un émissaire auprès des marcheurs et demandent à rencontrer leurs plénipotentiaires.
En s’approchant des marcheurs pour lire les écrits sur les slogans, les policiers qui l’accompagnaient ont arrachés les caméras de nos confrères, Mohamedna de l’agence d’information indépendante et de Foutanke de l’agence indépendante photo-média avant d’être embarqués dans la voiture de la police. Des protestations vives sont alors scandées par les jeunes manifestants qui exigent leur remise en liberté.
Pluie de lacrymogènes
C’est à cet instant que retentissent les premières salves lacrymogènes, un speaker jette sa radio, votre reporter perd le souffle et ne doit son salut qu’à un berger qui l’arrose d’eau. Heureusement nous reprenons conscience et réussissons à conserver notre matériel. Le chef de l’exécutif départemental ordonne l’arrêt des tirs de bombes lacrymogènes.
Les jeunes continuent de réclamer la libération des journalistes, une requête à laquelle accède l’autorité quelques instants après. Mais le matériel est restée confisquée jusque tard dans la soirée. C’est aux alentours de 13 heures que la majorité des marcheurs se retirent. Une journée longue et très tendue toutefois.
Les paysans marcheurs se réunissent pour évaluer l’action menée durant la journée. D’autres actions vont suivre, un sit-in sera organisé devant le siège de la banque mondiale qui a débloqué le financement du projet pour réclamer l’arrêt immédiat du projet et la restitution de la cuvette de « Koylol » à ses ayants droits. Les communautés de Hébiyabés notamment.
Bizarrement, l’état est aujourd’hui rattrapé par ses erreurs, arracher de force une terre, nommée « Koylol » depuis des siècles à ses ayants droits, la rebaptiser Ibn Khaldoum, mobiliser un bailleur qui s’appelle la banque mondiale réaliser le projet. Pas longtemps, le ministère de l’intérieur avait dépêché une forte délégation qui n’a pas encore rendue son rapport.
Journal Le Terroir

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