Lettre ouverte adressée au Premier Ministre au sujet du dialogue national
En ma qualité de citoyen averti et préoccupé de la situation de son pays, je viens par la présente vous soumettre quelques idées qui me paraissent utiles et pertinentes à prendre en considération lors des prochaines journées de concertation autour du dialogue national.
Vous avez, monsieur le Premier ministre, déclaré mercredi devant les députés, dans le cadre de votre déclaration de politique générale, que votre souci serait de repenser sereinement notre dispositif de gouvernance et notre modèle démocratique et que vous comptiez beaucoup sur les résultats de ce dialogue pour renforcer les institutions et gérer les relations et le système politique de manière pacifique et harmonieuse, dans l’intérêt supérieur de notre cher pays en lançant un dialogue responsable, franc et inclusif, qui n’exclut personne et n’occulte aucun sujet important.
En effet, l’émergence de toute nation se mesure à l’ampleur et la traduction des résultats émanant des actes et de la volonté politique de ses dirigeants. Les actes demeurent concrets et visibles, contrairement aux paroles et aux dis cours qui s’envolent sans laisser de trace.
Osons espérer vivement, mon sieur le Premier ministre, que ces journées de dialogue sur lesquelles je fonde personnellement un espoir réel aboutissent à des résultats probants et concrets. Qu’elles soient les prémices d’une Mauritanie réconcilié avec elle-même, d’une part, et de son vrai décollage économique et social, d’autre part.
Pour y arriver, il faut non seulement y impliquer tous les acteurs politiques et la Société civile mais aussi que les discussions se déroulent d’une manière honnête et sans ambages ; que toutes les questions de l’heure soient débattues avec franchise et sans passion, notamment l’esclavage et ses séquelles, l’unité nationale, le règlement définitif du passif humanitaire, le renforcement et la consolidation de la cohésion sociale, la bonne gouvernance, la lutte contre la gabegie, la justice, l’éducation, la santé et j’en passe.
Ma lettre ouverte consiste à attirer votre attention sur les défis majeurs auxquels sont confrontés aujourd’hui notre pays. L’espoir que fonde le peuple sur vous et dont vous êtes sans nul doute conscient me permet de croire que vous prendrez les mesures appropriées en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption afin de mettre notre Mauritanie qui nous est si chère aux côtés des pays émergents.
Pour que la démocratie soit solide, il faut le dialogue, le renforcement des valeurs communes, l’ouverture et l’obéissance à la Constitution, cela s’impose comme un des critères majeurs du dialogue national. En effet, rien ne sera possible sans consolidation de celui-ci, sans développement du sentiment d’appartenance à une nation commune.
Dépasser les prismes traditionnels
La responsabilité de chacun d’entre nous à l’égard de notre pays est de dépasser les prismes traditionnels ainsi que les clivages personnels qui lui ont fait tant de mal. Le dialogue, l’ouverture, le renforcement de l’unité nationale sont au cœur du projet d’avenir. Tous les efforts engagés dans la construction du pays, la croissance économique, les infrastructures, l’énergie, n’aboutiront que si la nation est en cohésion.
L’État doit être plus que jamais l’État de tous les Mauritaniens, œuvrant pour tous, en les assurant de la transparence et du bon déroulement de la gestion de la chose publique, en continuant à promouvoir un débat national fiable, tout en défendant l’intérêt suprême du pays.
L’objectif est de pro poser une véritable ambition de gouvernement et de gouvernance afin de rassembler tous les Mauritaniens autour d’un seul projet : la reconstruction de la Nation, afin de faire émerger une Mauritanie forte de sa diversité culturelle et consciente de son avenir. Pour l’immense majorité d’entre nous, le dia logue national est le seul chemin d’avenir. Notre chère Mauritanie a besoin d’accélérer son développement.
Elle a besoin de rassembler les compétences et les énergies de sa jeunesse dans un but commun : le développement du pays et le renforcement de notre unité nationale en vue d’une Mauritanie unie, prospère et moderne…
Cette nécessité nous conduit à travailler ensemble dans la durée et les pratiques quotidiennes, afin de résoudre les problèmes posés par la misère et la corruption. Notre cher pays a été, des lustres durant, une terre de métissage, d’accueil et de partage où il fait bon vivre ensemble : aucun irrédentisme de type ethnique, linguistique, religieux ou confessionnel n’y ont jamais pu prospérer.
La spécification de ce pays réside dans sa singulière devise : honneur, fraternité, justice. Les conditions qui nous entourent nous obligent à entretenir un environnement intérieur paisible et fiable permettant à nos populations de résister aux sirènes des dangers qui nous guettent.
Nous nous apprêtons à exploiter de considérables ressources gazières et tous nos concitoyens en attendent des bienfaits. Cela nous demande de renforcer notre unité nationale dans un environnement de stabilité et de cohésion sociale.
Il n’y a pire ennemi de l’unité nationale que la misère et la corruption. Tout le reste n’est que diversion : le peuple mauritanien est un et indivisible. Et, monsieur le Premier ministre, permettez-moi donc d’achever ainsi mon propos, en vous priant d’agréer l’expression de ma haute considération,
CHEIKH AHMED OULD MOHAMED
INGÉNIEUR
CHEF DU SERVICE« ÉTUDES ET DÉVELOPPEMENT»
ÉTABLISSEMENT PORTUAIRE DE LA BAIE DU REPOS
NOUADHIBOU.