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Déclaration commune d’Abderrahmane HAMOUDY (PMUF) et d’Outouma SOUMARÉ (AFCD)

Des ateliers de concertations sur les partis politiques en attente de reconnaissance par le Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation (MIDEC) avaient été annoncés pour se tenir avant les dernières élections locales et finalement n’ont débuté que les 9,10 et 11 mars, sans être complètement assumés, dans un esprit d’urgence et dans les suites d’un contexte de tentative de pacte politique aux contenus et contours équivoques entre deux partis de l’opposition historique et le gouvernement.

Et pourtant la représentativité populaire actuelle de ces deux partis est peu significative si on se réfère aux résultats des dernières élections locales démontrant leur incapacité à porter les préoccupations et aspirations d’une nouvelle génération d’électeurs.

Par ailleurs, un fait divers récent illustre bien la morosité absurde de la scène politique actuelle, à travers le conflit ouvert qui est survenu lors d’une réunion dans l’enceinte de la Banque Centrale de Mauritanie entre deux leaders politiques nationaux en présence d’une délégation du FMI.

De plus, le moment choisi pour « les journées nationales de concertation sur la préparation participative des élections présidentielles et la promotion de la gouvernance politique » est présenté par les autorités comme contraint par le calendrier électoral induisant une certaine confusion avec l’élection présidentielle qui relève moins des partis politiques puisqu’il s’agit comme il est communément décrit « d’une rencontre entre un homme et le Peuple ».

Nous, partis politiques légalement constitués mais non reconnus par le MIDEC, faisons aisément le constat de son empressement excessif pour reconnaître certains partis triés sur le volet et le même empressement pour appliquer anticonstitutionnellement la loi quand il s’agit de dissoudre certains autres partis politiques.

De même que nous faisons de la même manière le constat de la lenteur désinvolte avec un exercice assumé voire arrogant d’un pouvoir discrétionnaire pour ne pas délivrer, la plupart, le récépissé de reconnaissance dû, comme le stipule la loi en vigueur qui est le régime déclaratif.

S’il s’agit d’appliquer une même loi, alors il ne devrait pas y avoir de différence dans son application, or la réalité pratique est qu’une sélection, dont les critères sont non avoués, est réalisée pour des dossiers complets identiques dans leur constitution et permettant à certains d’obtenir leur fameux sésame en des temps records alors que d’autres paradoxalement attendent aujourd’hui depuis déjà plus de huit ans.

Le nombre qui est présenté comme excessif de demande de reconnaissance de constitution d’un parti politique pourrait tout simplement être expliqué par une transition générationnelle qui a du mal à se reconnaître dans les partis existants, par l’accumulation des dossiers depuis 2014 ainsi que par l’absence de possibilité de candidature indépendante pour les élections pourtant de niveau inférieur à celui de la Présidentielle.

Par ailleurs, comparativement à d’autres pays dont le niveau de pratique démocratique est autrement plus élevé que le nôtre il est facile de constater que, pour certains, leurs nombres de partis politiques reconnus est bien supérieur.

S’il est effectivement important de s’attacher à la rigueur de la technicité des opérations électorales pour garantir la sincérité du scrutin, de progresser dans les mécanismes de financement transparent et équitable des partis politiques, il est encore plus essentiel de savoir si la politique dans notre pays demeure un fait du Prince ou si elle a enfin pris résolument le long chemin d’un moyen de débattre des actions à mener pour vivre ensemble de manière apaisée.

Ceci, en améliorant nos conditions de vie selon des lois qui répondent à nos réalités et qui sont légitimés par le peuple à travers ses représentants à la commune et aux différents niveaux des collectivités territoriales jusqu’au niveau national qu’est le parlement.

Un nombre non négligeable de partis politiques non reconnus, est issu de la participation d’une génération de citoyens de plus ou moins hautes compétences, de formation supérieure, de cadres intègres et de hautes personnalités publiques qui n’étaient pas spécialement et initialement destinés à faire de la politique.

Soyez assurés que pour beaucoup d’entre nous il n’est nullement besoin de faire de la politique une profession. D’autres ont eu la particularité, d’avoir assumé leurs responsabilités historiques dans la construction nationale, au moment de la transition démocratique de 2005 à 2007, et, davantage pour lutter contre le coup d’état de 2008, et ensuite, pour résolument se tourner vers le retour à l’ordre constitutionnel, permis par les accords dit de Dakar.

Nous ne sommes pas nécessairement alignés ou non alignés avec les volontés politiques exprimées ou non de l’État profond mais il est important que l’opinion publique soit informée du fait que nous avons été victime d’une injustice non seulement par la non application pure et simple de la loi organisant les partis politiques mais aussi par une interprétation orientée à dessein, de celle visant à limiter leur nombre, avec une obligation de résultats.

C’est ainsi que non seulement elle a été appliquée de manière rétroactive à travers l’article 20 de la loi promulguée le 18 Juillet 2018 modifiant la loi organisant les partis politiques de 2012 mais en plus l’ambition circonstancielle a été d’exclure, un certain nombre de partis de la scène politique à travers la dissolution de leur cadre institutionnel qu’est le parti politique reconnu. Ceci sous le prétexte fallacieux d’avoir soi-disant participé à 2 élections consécutives sans avoir recueilli plus de 1 % des voix aux municipales ce qui n’a pas été le cas de tous puisqu’un certain nombre ayant totalisé moins de 1 % des voix aux élections municipales n’ont participé qu’à une seule élection, celle de 2018.

La précédente ayant été boycottée : d’ailleurs l’affaire du jugement de la décennie d’une certaine manière a fini par leur donner raison. La cour suprême les a rétabli dans leur droit mais le Ministère de l’intérieur et celui de la Justice ont fini par imposer leur point de vue étroit. Puisqu’il s’agit aujourd’hui d’une concertation politique nous demandons que les partis politiques dans cette situation soient réintégrés dans la liste des partis reconnus de la même manière que s’est fait le retour à l’ordre constitutionnel après le dernier coup d’état dans notre pays suite aux accords dits de Dakar ayant même permis à un putschiste d’être candidat.

C’est ainsi aussi à travers un accord politique à l’issue de ces journées nationales de concertations que le MIDEC se dédouanera de ne pas avoir appliqué le principe de la reconnaissance d’au moins 98 partis politiques de manière déclarative.

Sachant que parmi ces derniers une douzaine ont, à travers des coalitions avec des parti reconnus, participé aux dernières élections locales et un peu plus de la moitié parmi eux ont pu avoir des élus dépassant en cela certains partis historiques. C’est pourquoi il est loyal de n’appliquer les conclusions de ces concertations concernant une éventuelle réforme de la loi organisant les partis politiques qu’après avoir reconnu les possesseurs d’une décharge de demande de reconnaissance de partis politiques et ceux qui ont été anticonstitutionnellement dissous.

Nous, partis politiques légalement constitués mais non reconnus par le MIDEC prétendons représenter une génération politique transitionnelle que nous assumons et dont notre pays a fondamentalement besoin en particulier dans la période d’incertitude actuelle.

Abderrahmane HAMOUDY
Pour la Mauritanie Unie et Forte

Outouma SOUMARÉ
Avant-garde des Forces de Changement Démocratique

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