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SEAFOOD AFRICA : une initiative à encourager et des messages à en tenir compte

Avec la visite guidée des participants, effectuée aujourd’hui au Port de Tanit, ont pris fin les travaux du la première Edition du Salon Professionnel International de la Pêche SEAFOOD AFRICA, organisée à Nouakchott du 14 au 16 décembre courant sous le thème « Investir dans l’Economie bleue ».

L’initiative de création de ce SEAFOOD AFRICA, revient à Financial Afrik et c’est à lui aussi et à son partenaire tunisien (Groupe STI EXPO) que revient l’idée d’organiser cette première édition du Salon, en Mauritanie. Que ces grands leaders de la communication et défenseurs des intérêts de l’Afrique trouvent, ici, félicitations, remerciements, engagements et Baraka.

La couverture médiatique de ce grand évènement, a montré, entre autres, son objectif de plaidoyer pour faire connaitre les opportunités d’investissement dans le secteur mauritanien des pêches et d’inviter les investisseurs à ‘intéresser davantage à son économie bleue.

Sans rentrer dans les détails, ce SEAFOOD AFRICA de Nouakchott, laisserait semblerait envoyer deux messages importants, l’un à l’adresse des organisateurs et l’autre, au Département des pêches. Le premier message exhorte les organisateurs à œuvrer inlassablement pour inscrire leur initiative dans la durée, à être patients et à capitaliser intelligemment les premières expériences car la noblesse de l’objectif, mérite plus d’efforts et de sacrifices.

Seuls les fils et les filles de l’Afrique peuvent sincèrement et honnêtement faire connaitre la réalité des richesses halieutiques des pays côtiers de notre continent et montrer leur caractère stratégique dans les rapports avec les pays développés que ce soit dans le cadre bilatéral ou sur la scène internationale.

Serait-ce l’occasion d’inviter d’autres patriotes africains à cloner cette initiative et créer des forums similaires pour nos autres types de richesses biologiques et minières ; notre maitrise de la gestion des matières premières, pèsera sur le développement des pays industrialisés ainsi que sur les rapports de forces sur les plans politique, économique et technologique.

Dans son deuxième message, le forum rappelle au Département des pêches que l’atteinte de l’objectif d’attrait des investisseurs sera étroitement liée à la préparation d’un tableau de bord suffisamment lisible, réaliste et pertinent et dont les principaux indicateurs seraient :

Un état actualisé des ressources halieutiques

Il s’agit d’une description fine de l’état des ressources maritimes : (i) celles traditionnellement exploitées dans le cadre de pêcheries bien distinguées et (ii) celles présentes dans les débarquements de façon fréquente et quantitativement en progression (ressources génériquement appelées pêcheries émergentes) ou encore (iii) les espèces débarquées en quantités faibles, généralement en fonction des engins et techniques de pêche utilisés ou des aires de répartition.

Il y a les ressources continentales des cours et plans d’eaux, notamment permanents (informations et données sur le nombre, le volume et potentiel actuel des ressources biologiques par endroit, infrastructures déjà en place, etc.).

L’aquaculture (élevage d’organisme dans les eaux marines et douces), est un autre créneau dont le développement se justifie par ses potentielles contributions dans l’allégement de la pression exercée sur certaines composantes des ressources maritimes et dans la lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire: endroits et espèces taxonomiques les plus indiqués pour chaque type d’élevage, cadre légal complet pour l’industrie aquacole, les facilités et incitations accordées aux populations locales et aux investisseurs potentiels, etc.

La garantie que ces ressources seront durablement présentes et en quantités suffisantes (écosystèmes pouvant rendre des services profitables et de manière pérenne) :

Le plus important au niveau de ce point, seraient des politiques, stratégies, programmes/plans et projets de développement et la place donnée aux plans d’aménagement et de gestion des pêcheries, à la recherche-développement-innovation, à la surveillance des pêches, au changement climatique, à la cohabitation pêche-ressources minières offshore (voir « Livre Blanc » réalisé par l’ONG BiodiverCités) et enfin, à la gouvernance.

En ce qui concerne particulièrement la gouvernance, la priorité en constitue un cadre institutionnel et légal complet sans chevauchement ni redondance, notamment avec le projet échec de l’Autorité de la Zone Franche de Nouadhibou et avec les Ministères chargés respectivement de l’industrie et de l’environnement et de l’aménagement du territoire (https://cridem.org/C_Info.php?article=770604).

Le climat des affaires, est aussi primordial pour toute politique de développement, surtout en ce qui concerne la promotion des investissement (code des investissements, systèmes et mécanismes de financement adaptés au contexte spécifique de la Mauritanie et des bouleversements qui s’opèrent au niveau international, indépendance la justice, etc.).

Qu’ont sache que les différentes versions révisées du code mauritanien des investissements et les régimes d’accès aux ressources halieutiques nationales ont été de véritables instruments facilitant le pillage de notre patrimoine de la part des étrangers (voir évaluation du respect des engagements et impacts réels des Investments).

Les atouts dont disposent la Mauritanie, doivent, eux aussi, être mis en évidence et constituer le support de notre de communication et de sensibilisation : ressources, position géographiques (carrefour ou trait d’union entre l’Afrique noir et le Maghreb, proximité relative de l’Europe et des Amériques et des routes sures, etc.), environnement encore non pollué malgré les risques actuels et potentiels, stabilité politique, volonté politique nette d’accroitre les contributions du secteur conformément à la politique nationale SCAPP2016-2030 et la stratégie sectorielle L2P2022-2024, intégration du changement climatique dans les stratégies des secteurs les plus concernés par cette problématique (voir les plans d’action 2021-2030 des CDN de ces secteurs).

Situation de la chaine de valeur du secteur pêche :

D’aucun n’ignorent que le poisson en mer et les richesses du sous-sol, ne sont pas de l’argent comptant. Pour le secteur des pêches, l’enjeu est donc comment (i) connaitre le potentiel de ressources par définition renouvelables et maitriser leur dynamique dans le temps et l’espace, (ii) pêcher ce potentiel de la ZEEM et emmener les captures à terre dans les meilleures conditions et (iii) valoriser les produits débarqués pour en tirer, de façon pérenne, le maximum de profits économiques, sociaux et environnementaux.

Au sujet des chaines de valeur, on parle (1) des moyens ou outils de production (navires, marins, engins et techniques de pêche, moyens de conservation à bord), (2) de la valorisation au sens de toute forme de process transformant le produit brut en un produit avec une valeur ajoutée quelle que soit sa faiblesse ainsi que tout ce qui contribue à l’amélioration de la qualité hygiénique et commerciale du produit (conservation à bord et à terre, normalisation, certification, labellisation, manutention et autres) et (3) la commercialisation (à l’échelle d’une entreprise, la commercialisation peut inclure tout ce qui relève de l’importation, la distribution, l’exportation et le markéting/ ou toute action destinée à emmener le consommateur à acheter le produit (communication, sensibilisation, publicité, etc.).

On parle également de maillons d’une chaine de valeur, c’est-à-dire (1) les moyens de production, (2) ports et assimilés pour le débarquement des produits, (3) transport du quai aux industries à terre, distribution au niveau national, exportation vers l’extérieur pour des marchés plus rémunérateurs, (4) transformation (valorisation proprement dite du produit), (5) commercialisation, (6) construction et réparation navales et même (7) formation.

Définition des domaines prioritaires :

Partant de ce tableau que les spécialistes pour corriger et en approfondir les détails, il faudra d’abord procéder à l’identification des opportunités offertes et des domaines prioritaires pour soumission aux investisseurs. Ensuite, il serait plus que nécessaire aussi de préparer des requêtes ou des préprojets, toujours selon les objectifs et besoins prioritaires du secteur.

Enfin, d’ici la prochaine édition du SEAFOUD AFRICA, le Ministère des Pêches et de l’Economie Maritime et les organisateurs de cette première édition (Financia Afrik et STI EXPO) devront mener d’intenses campagnes de plaidoyer pour la mobilisation de financements et l’attrait d’investisseurs nationaux et étrangers ; les mots clés de telles campagnes, devront être les atouts, les opportunités d’investissement existantes, le caractère stratégiques des produits de mer dans l’alimentation mondiale de par leurs qualités nutritionnelles et sanitaires et puis les conséquences de la confirmation d’un monde bipolaire émergent.

Dr Sidi El Moctar TALEB HAMME

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