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COP15 à Abidjan : un bilan en demi teinte sur la lutte contre la désertification

Après deux semaines de négociations, il n’y pas eu d’avancées majeures dans la protection des terres contre la désertification, les sécheresses et l’appauvrissement des sols.

La COP 15 sur la désertification s’est terminée hier vendredi à Abidjan. 196 pays étaient réunis pour tenter de s’accorder sur des objectifs communs en la matière. Après plusieurs heures de prolongations dans les négociations, un à un les différents articles de l’accord final de cette COP15 d’Abidjan sont approuvés.

Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la convention sur la désertification se félicite de certaines annonces, mais il ne cache pas quelques regrets.

« Il y a un milliard de terres à rénover à travers le monde. Ceci constitue un engagement relativement important. S’il y a un point que j’aurais bien voulu voir avec beaucoup plus de proéminence, c’est la participation du secteur privé. Les terres sont gérées par le secteur privé, essentiellement dans le domaine de l’agriculture, et là, j’aimerai bien, peut-être dans le futur, beaucoup plus d’engagement », dit-il.

Le bilan est mitigé aussi pour la société civile. Manon Albagnac de l’ONG Cari retient des promesses d’efforts sur l’accès au foncier pour les populations, mais pas de grande avancée selon elle. « Il y a des engagements aujourd’hui, en termes d’hectares à restaurer, mais est-ce qu’on va faire vraiment le suivi de ces hectares ? Sur la sécheresse, on aurait pu espérer un engagement un petit plus à la hauteur des enjeux », estime-t-elle.

« La COP des pauvres »
C’était la première des trois COP qui doivent se tenir cette année, avec la COP sur la biodiversité et celle sur le climat beaucoup plus connue, mais l’événement a été relativement peu suivi au niveau mondial.

Avec plus de 6 500 participants inscrits, des pavillons qui ont su résister aux orages tropicaux, et plusieurs milliers d’articles de presse sur la COP 15 désertification. Il y avait pourtant de quoi réjouir Abou Bamba, président du comité d’organisation. Mais il reconnaît qu’elle reste bien moins suivie que la COP sur le climat, dont la dernière édition s’est tenue à Glasgow en Écosse.

« C’est sans commune mesure. À Abidjan, on a passé la barre des 6 500 délégués,Glasgow, c’était 40 000 personnes. C’est vrai qu’il y a un travail médiatique à faire. C’est peut-être la COP des pauvres, la COP des pays en développement. Mais c’est quand même une COP particulièrement importante », dit-il.

Des ONG très discrètes

À l’heure où les sécheresses, les incertitudes sur la production agricole mondiale et l’augmentation du prix des denrées alimentaires frappent de nombreux pays, les décisions des États sur la gestion des terres auraient pu être plus suivies. Sur place, pratiquement aucun média international n’a fait le déplacement. Pratiquement aucune grande ONG n’est venue ou alors elles sont restées très discrètes.

« Les organisations de la société civile qui sont à cette COP pourraient un peu plus avoir un rôle d’alerte.ou de critique vis-à-vis des partis qui ne respectent pas leurs engagements, voire même vis-à-vis du secrétariat, qui ne pousse pas pour des décisions suffisamment importantes », reconnaît aussi Manon Albagnac de l’ONG Cari.

Même si les vagues de chaleur et les sécheresses frappent désormais tous les continents et affectent les productions agricoles mondiales, les États ont remis la question à plus tard. Rendez-vous à la COP 16, dans deux ans, qui se déroulera en Arabie saoudite.

Avec notre envoyée spéciale à Abidjan,
Jeanne Richard

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