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Guerre en Ukraine: les Occidentaux sanctionnent directement Poutine et Lavrov

De nouvelles séries de sanctions envers la Russie, principalement économiques, ont été annoncées ce vendredi 25 février par l’Union européenne, la Suisse, les États-Unis, le Canada et l’Angleterre. Certaines visent directement le président Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Les États-Unis ont annoncé ce vendredi leur intention de sanctionner le président russe Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, et leur interdire l’entrée sur leur territoire, une décision rarissime contre des dirigeants étrangers.

« C’est un élément habituel » des sanctions contre des personnalités étrangères, a précisé la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki, tout en assurant que le détail de ces sanctions historiques contre le président russe serait révélé plus tard.

Les deux hommes rejoignent ainsi une liste de dirigeants directement sanctionnés par les États-Unis sur laquelle figurent le leader iranien Ali Khamenei, le président du Venezuela Nicolas Maduro, le dictateur nord-coréen Kim Jong-un, ou encore le président syrien Bachar al-Assad. Le Canada, lui aussi, souhaite prendre des mesures ciblées contre les deux hommes forts de la Russie.

Déjà visés par des sanctions en Europe

L’Union européenne et le Royaume-Uni avaient plus tôt annoncé des sanctions financières visant personnellement Vladimir Poutine et Sergueï Lavrov, avec le gel de leurs avoirs. La mesure est avant tout symbolique, analyse notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet. Il n’y a pour l’instant pas d’évaluation de ce que les deux plus hauts responsables du Kremlin détiennent effectivement, même si le départ subit du yacht privé du président russe d’un port allemand dimanche dernier a beaucoup fait parler. Tous les membres de la Douma, la chambre basse du Parlement russe, figurent désormais sur liste noire de l’UE, ainsi que 26 personnalités du monde des affaires.

Les deux responsables russes ne seront en revanche pas interdits de territoire dans l’Union européenne, pour laisser une porte ouverte à une éventuelle reprise de la voie diplomatique. La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock souligne qu’il fallait que l’UE « sanctionne sévèrement » les deux responsables de la guerre en Ukraine ; pour son homologue français Jean-Yves Le Drian, il faut « étouffer le système ».

Des individus au système russe dans son ensemble

Mais les sanctions de ce vendredi ne se sont pas limitées aux hommes politiques russes. Le Conseil de l’Europe, qui réunit plus de 47 États membres, a décidé de « suspendre » toute participation des diplomates et des délégués russes à ses principales instances. L’OCDE (l’Organisation de coopération et de développement économiques) va clôturer le processus d’adhésion de la Russie et fermer son bureau à Moscou en représailles à l’invasion russe. Le secrétaire britannique aux Transports Grant Shapps a annoncé une interdiction avec effet immédiat de l’espace aérien du Royaume-Uni aux avions privés russes.

La question est également de savoir s’il faut aller bien plus loin en matière de finance. Les ministres européens des Finances élaborent de nouvelles sanctions financières à l’encontre du secteur bancaire russe et la banque centrale interbancaire évalue les implications d’une exclusion de la Russie du système interbancaire Swift. Si le retrait est décidé, les banques russes ou tout opérateur agissant à l’international pour importer des marchandises par exemple en serait réduit à réaliser lui-même le travail effectué par Swift, cela rallongerait considérablement la durée des transactions.

Évaluer la balance bénéfice-risque

Une telle mesure est soutenue par de nombreux pays européens, dont la France, même si le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a bien conscience qu’elle serait une « arme nucléaire économique ». Justin Trudeau, Premier ministre canadien, a déclaré que son pays « appuie fortement » le retrait de la Russie du système bancaire Swift, mais les États-Unis ne se sont pas encore prononcés pour, constatant que certains pays de l’Union européenne s’y opposaient pour le moment.

L’Allemagne notamment a jusqu’ici bloqué l’adoption par l’Union européenne de l’exclusion de la Russie du système Swift. Officiellement, le gouvernement allemand souhaite conserver quelques cartouches à l’arsenal de sanctions possibles contre la Russie, rapporte notre correspondante à Berlin, Nathalie Versieux. Dans les faits, Berlin estime que la sanction Swift affecterait davantage l’Allemagne et les Européens que le gouvernement russe. La Russie fournit 55% du gaz consommé en Allemagne, 50% du charbon et 35% du pétrole, et Swift est l’un des intermédiaires pour acheter le gaz russe.

Reste à savoir si tout ce panel de sanctions seront efficaces. « Les sanctions contre le président et le ministre des Affaires étrangères du pays sont un exemple et une démonstration de l’impuissance absolue de votre propre politique étrangère », a répliqué vendredi la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova à la télévision russe. « Le fait est que nous sommes proches de là où commence le point de non-retour », a-t-elle ajouté.

Par RFI

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