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Kadiata Malick Diallo à propos du dialogue

Que peut-on attendre d’un dialogue ou d’une concertation ( désormais kif-kif pour certains ) entre un pouvoir qui nie l’existence de toute forme de crise et une opposition qui considère que le pays vit une crise multidimensionnelle?

Depuis l’arrivée de Mohamed Cheikh Ghazouani au pouvoir, une aile de l’opposition, autrefois qualifiée de radicale, réduit l’action politique à une quête immodérée de dialogue, dans un contexte où l’on n’assiste à aucune forme de pression susceptible de donner crédit et poids à une telle option.

Aussi le pouvoir est-il resté longtemps réfractaire à cet appel, clamant invariablement qu’il n’y a pas crise et que la situation n’exige point que l’on s’engage dans un dialogue en réalité sans objet.

Mais que le Président Ghazouani est prêt pour une concertation, considérant d’ailleurs qu’il en a fait une ligne de conduite depuis son accession au pouvoir, pour permettre une décrispation de la scène politique.

On a remarqué dans le même temps le peu d’enthousiasme manifesté par les partisans du pouvoir, y compris l’UPR.

L’opposition, désormais peu exigeante, finit donc par accepter le concept et, pour faire avaler la pilule, certains tenteront de démontrer que « dialogue et concertation c’est kif-kif », bonnet blanc et blanc bonnet.

La réalité, c’est que le pouvoir, face à une crise économique et sociale profondes, incapable de satisfaire les besoins vitaux des citoyens et encore moins de trouver des solutions aux questions fondamentales qui plombent l’avenir du pays, a compris qu’il pouvait céder à la revendication de dialogue, tirer profit de cette occasion et s’en sortir à moindres frais.

D’ailleurs, en disant qu’il n’y aurait pas de question taboue, alors même que la solution réelle d’un problème comme celui du passif humanitaire requiert, on le sait, l’engagement de l’armée (ce qui ne semble pas être le cas) n’est qu’un leurre.

En voulant aussi discuter de tout, dans la perspective de parvenir à un accord, il y a lieu de se demander si les acteurs en présence peuvent encore être considérés comme des protagonistes ou s’ils cherchent, le cas échéant, à gouverner ensemble.

S’agissant du cadre de la concertation lui-même il y a eu beaucoup de tergiversations. Qui doit et qui peut participer? À sa dernière sortie, le porte-parole du gouvernement a précisé que seuls les partis politiques y prendront part. Pour mieux maîtriser la situation certainement.

Et le temps ne semble pas compter pour les décideurs. Chaque fois qu’une projection est en vue, et que l’échéance fixée, par on ne sait qui d’ailleurs, approche, elle est renvoyée à une date ultérieure, ce qui, évidemment, permet au pouvoir de gagner du temps en détournant l’opinion de ses vrais problèmes tout en faisant naître des espoirs sans lendemain.

L’engagement d’une grande partie des acteurs politiques ne change en rien nos convictions et aura même peut-être le mérite de mettre à nu ce qui semble n’être qu’une duperie politique . À tous ceux qui, de bonne foi, espèrent des résultats tangibles à l’occasion de ces journées, nous disons bonne chance.

Kadiata Malick Diallo, député UFP à l’assemblée nationale

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