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Sahel : Amnesty international pointe la présence d’armes serbes et slovaques aux mains des jihadistes

Francetvinfo – L’ONG appelle les pays européens exportateurs d’armes, mais aussi les gouvernements sahéliens qui les reçoivent, à mieux contrôler leur utilisation.

Les experts d’Amnesty international ont voulu en savoir plus sur l’origine des armes utilisées par les jihadistes du Sahel. Une enquête de l’ONG montre que des armes serbes, tchèques et slovaques sont aujourd’hui utilisées par les groupes jihadistes.

On savait qu’une grande partie de leurs armes provenaient des énormes stocks d’armes libyens pillés après la chute de Kadhafi, mais une enquête publiée le 24 août 2021 par Amnesty international pointe des armes plus récentes d’origines européennes cette fois.

De vieilles kalachnikovs soviétiques

En visionnant des centaines de vidéos ou photos publiées sur ces groupes armés opérant dans le Sahel, les experts de l’ONG ont identifié des armes de fabrication serbe et slovaques, et évoquent des circuits illégaux d’armement de ces groupes.

Mais d’où viennent ces armes, comment sont-elles tombées aux mains des groupes islamistes liés à l’EI ou à Al Qaïda, mais aussi possédées par de nombreuses milices pro-gouvernementales, parfois elles aussi impliquées dans des massacres.

Au milieu des nombreuses vieilles kalachnikovs de l’ère soviétique, Amnesty a également identifié des fusils mitrailleurs de l’entreprise serbe Zastava. Or ces fusils correspondent à des transactions récentes entre la Serbie et le Burkina Faso, ce qui laisse à penser que ces armes ont été vendues au gouvernement burkinabè avant de se retrouver entre les mains de groupes jihadistes.

Mieux contrôler les stocks militaires

L’analyse effectuée par Amnesty International des données relatives aux transactions commerciales montre aussi que la République tchèque, la France et la Slovaquie exportent de grandes quantités d’armes légères aux gouvernements du Sahel depuis que cette région est le théâtre d’un conflit généralisé.

Les groupes jihadistes récupèrent régulièrement les équipements des armées nationales, lors d’attaques de casernes ou sur des soldats tués dans des combats.

Mais Amnesty n’exclut pas non plus d’autres canaux : « cela peut être par le trafic d’armes et la faiblesse du contrôle des inventaires militaires au sein des pays sahéliens », explique Ousmane Diallo, chercheur spécialisé sur le Sahel à Amnesty International.

« Une dernière hypothèse que l’on ne peut pas négliger, c’est la possibilité que certains des membres de ces Forces armées-là vendent ou bien donnent certains de ces fusils à des membres de groupes armés, en particulier des groupes d’auto-défense pro-gouvernementaux », ajoute Ousmane Diallo, chercheur spécialisé sur le Sahel, à Amnesty International.

Amnesty appelle les pays européens et les gouvernements sahéliens, à mieux contrôler leur stocks d’armes et leur utilisation.

L’ONG a lancé un appel, à quelques jours de la conférence annuelle sur le Traité sur le commerce des armes, « nous engageons tous les États à se montrer à la hauteur de leurs obligations et à ne pas valider de transferts d’armes susceptibles de favoriser des violations des droits humains. »

France Télévisions- Rédaction Afrique

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