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2ème journée du Forum Galien Afrique : Focus sur les jeunes innovateurs

Les travaux de la 8ème édition du Forum Galien Afrique se poursuivent à Dakar.

La deuxième et dernière journée consacrée au Forum des Jeunes a démarré avec un panel réservé aux jeunes innovateurs qui ont été primés à l’occasion du forum de l’année dernière et des précédents forums. Que sont-ils devenus ?

Le forum Galien encourage les jeunes innovateurs. Que font-ils et quel impact ont-ils sur la population africaine ?

Il s’agit de répondre à la question du suivi des rencontres entre jeunes innovateurs et investisseurs dans le cadre des précédents forums Galien.

A l’occasion de cette session modérée par Mme Aissatou Diallo CEO de ASKCARE (Sénégal), 3 intervenants étaient à l’honneur. Il s’agit de Samuel MUYITA, CEO de Karpolax (Ouganda), Noel Obognon (Bénin) CEO de Agro-Eco Services et Djamila Bouakar Sahabi (Niger), CEO de Nissa Pad.

Et comme Keynote speaker (conférencier principal) il y avait au micro Eva Sow Ebion du Sénégal, responsable des programmes de politique publique, Meta Co-fondatrice de 14Policy.

Accompagner le génie africain et le catalyser

Son intervention est intitulée : « Catalyser le génie des jeunes innovateurs africains : surmonter les obstacles et imaginer des alternatives audacieuses. »

La conférencière a souligné que les jeunes innovateurs représentent l’énergie, la créativité et la résilience. Il s’agit d’une génération qui incarne l’innovation, la construit et l’accélère. Ces jeunes dit-elle, redessinent le destin du continent.

Le poids démographique du continent est un atout, un levier économique qui doit être mis à contribution car son impact économique s’avère énorme. En effet, 70% de la population africaine ont moins de 30 ans et 40% de ces jeunes ont moins de 40 ans.

De ce fait, accompagner les innovateurs africains est nécessaire et les politiques publiques tendent vers cela avec l’appui de l’Union Africaine.

Il faut donc accompagner le génie africain et le catalyser. Et le premier défi qu’il convient de relever c’est celui de l’inclusion et de l’employabilité.

En effet avec 10 à 12 millions de demandeurs d’emplois, seuls 3 millions obtiennent un travail.

La conférencière a par ailleurs souligné que le Sénégal est un hub éducatif  et un jeune sur 3 qui vient se former au Sénégal ne retourne pas chez lui.

Autre donnée importante pour catalyser l’innovation chez les jeunes, ce sont les infrastructures qui sont essentielles.

De ce fait les défis de gouvernance et de financement doivent être adressés à tous les partenaires.

La conférencière préconise aussi de s’appuyer sur le soft power africain en s’inspirant de la mode, du cinéma, des arts visuels…

Valoriser le soft power africain

Le soft power africain repose sur la culture, la diplomatie et les valeurs, avec une influence croissante grâce à des industries créatives.

Des pays comme l’Égypte, l’Afrique du Sud et le Maroc sont souvent cités en tête des classements récents, s’appuyant sur des stratégies diverses pour accroître leur rayonnement international au-delà des approches militaires ou économiques traditionnelles

Ce soft power africain revêt une importance stratégique souligne Eva Sow qui ajoute : « C’est à nous de créer des passerelles culturelles pour attirer les regards et de créer des laboratoires différents. Actuellement, on recense plus de 640 hubs d’accompagnement en Afrique qu’il faudrait catalyser. »

En Afrique il y a beaucoup de scientifiques mais ils ont besoin d’être accompagnés. Il faut travailler avec les acteurs locaux et bâtir des compétences. Il faut créer des ponts, des laboratoires citoyens pour savoir ce que vivent les populations et apporter des solutions et oser imaginer des modèles circulaires.

Ces solutions existent, note la conférencière mais ont besoin d’être vulgarisées et encouragées.

Il ne s’agit pas de copier des modèles mais de réinventer des solutions adaptées afin de répondre aux défis locaux. Il s’agit d’être authentique et transformateur, conclut Mme Sow.

Des projets novateurs et inspirants

Après l’intervention de la  responsable des programmes de politique publique Meta, les participants ont visionné un film mettant en lumière le parcours et les réalisations des innovateurs primés l’année dernière. L’objectif c’était de voir ce qu’ils font sur le terrain au quotidien pour le compte de la population africaine.

D’abord le focus sur Djamila Bouakar Sahabi du Niger, CEO de Nissa Pad qui a mis en service une application qui permet aux jeunes filles de son pays d’accéder discrètement aux services de santé sexuelle.

Pour Djamila, la rencontre avec les investisseurs dans le cadre du forum Galien était bénéfique et lui a permis de bénéficier d’un mentorat et d’un suivi.

Pour Noel Obognon ingénieur agronome du Bénin, spécialisé dans les engrais organiques CEO de Agro-Eco Services, sa structure évolue dans le domaine de l’agriculture durable et apporte une solution durale grâce à l’utilisation d’un engrais adapté afin de booster la production agricole.

Pour lui, l’appui du forum Galien est essentiel car il s’agit d’une plateforme qui met en lumière le lien entre l’agriculture durable et la santé.

Selon Noel Obognon, le prix gagné l’année dernière a permis à son entreprise de renforcer sa croissance en mettant en valeur 3500 ha et cela grâce à l’usage des engrais organiques.

La production a été boosté passant de 10 T à 50 T. Mr Noel affirme que son entreprise est un modèle en matière de solution agro-écologique et son objectif sera d’accompagner les PME au Bénin et même à l’international.

Même son de cloche chez Samuel MUYITA, CEO de Karpolax (Ouganda) qui est intervenu en direct, en ligne.

Son entreprise a dit-il enregistré de grands progrès grâce à l’appui du Forum Galien. Elle dispose aujourd’hui de beaucoup de clients à travers le monde. Ses produits sont offerts à des paysans au Kenya.

Rappelons qu’en juin 2025 en Islande, l’Office européen des brevets a décerné aux entrepreneurs ougandais Sandra Namboozo (26 ans) et Samuel Muyita (28 ans) le prix Community Healers pour leur invention.

C’est un sachet biodégradable qui aide les fruits à rester frais plus longtemps en libérant des composés naturels retardant leur mûrissement et empêchant leur détérioration.

Le prix Community Healers récompense les acteurs du changement engagés en faveur de l’équité sociale, en développant des solutions pour la sécurité alimentaire, l’éducation, les soins de santé et des conditions de travail équitables.

Des défis à relever

Dans leurs interventions au cours du panel, les jeunes innovateurs et ex lauréats de Galien ont parlé des défis rencontrés dans le développement de leurs projets.

Pour Djamila Bouakar Sahabi qui travaille sur l’hygiène menstruelle c’est la sensibilité de cette question taboue qui pose problème et constitue le premier défi même si avec l’application, les jeunes filles peuvent parler de leurs problèmes en toute discrétion.

Seulement le problème de l’acquisition d’un Smartphone et celui de la connexion internet, se posent.

Pour sa part, Noel Obognon estime que le forum Galien est une porte d’entrée dans un écosystème entrepreneurial.

Pour lui, les 2 défis principaux auxquels il fait face sont le financement avec les réticences des investisseurs toujours pas confiants pour la rentabilité du projet.

Le second défi, ce sont les formalités administratives pour l’homologation des engrais.

Répondant à la question sur les attentes,  Djamila souhaite plus d’investissements dans la santé reproductive.

Quant à Noel, il sollicite l’intervention des décideurs politiques afin de mettre en place un cadre réglementaire pour faciliter l’accessibilité aux engrais intrants dans les pays africains.

Il souhaite également la mise en œuvre d’une politique de subventions ainsi qu’un accompagnement post-forum et un suivi plus rigoureux.

Pour Noel, les investisseurs doivent penser beaucoup plus à l’impact du projet sur la communauté et ne pas tenir compte seulement de la rentabilité et des bénéfices.

A l’occasion de la 2ème session de la journée, une rencontre entre jeunes innovateurs, entrepreneurs et investisseurs la question du financement, point faible du dispositif a été abordée et d’importantes recommandations ont été avancées.

Les jeunes porteurs de projets doivent notamment toujours disposer d’un business-plan, un plan d’affaires qui détaille le projet pour en démontrer la faisabilité et le potentiel.

Le forum Galien se poursuivra demain pour la 3ème journée consécutive avec l’ouverture du forum des Femmes qui sera présidé par Mme Asa Faye, première dame de la République du Sénégal.

Bakari Gueye/Dakar

 

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