Accord de pêche RIM-UE : facilitons la tâche à Monsieur l’évaluateur !

A la fin d’un accord et en perspective de conclusion d’un autre ou de renouvellement de son protocole, il est de tradition pour l’Union Européenne de procéder à une évaluation de la mise en œuvre de l’accord/protocole échu et de se servir des résultats directs et indirects de cette évaluation pour bâtir sa stratégie de négociation.
Ma contribution à cet appel, vise à bien faciliter la tâche à Monsieur l’Evaluateur de l’UE et de lui éviter de trop tourner en rond comme ses prédécesseurs. C’est lui souffler, à l’oreille, que les Mauritaniens comptent désormais promouvoir une coopération diversifiée et équilibrée tant avec le camp occidental traditionnel (UE et EUA, etc.) qu’avec le camp émergent (Chine, Russie, Turquie, Brésille, etc.).
Les potentiels nationaux en poisson, en pétrole et gaz et en métaux rares, constitueront, en conséquence, l’outil fondamental pour atteindre de telles visées au bonheur des masses populaires mauritaniennes.
Cette contribution, c’est aussi mettre à la disposition de notre Monsieur-Evaluation, les nouveaux critères mauritaniens pour octroyer des possibilités de pêche excédentaires aux tiers et fixer leurs prix. Il s’agit de la volonté des Mauritaniens d’exploiter, au maximum, les atouts et les quelques réalités nationales et internationales qui suivent :
– La rareté des ressources halieutiques à l’échelle planétaire et la demande croissante par rapport à l’offre ;
– La proximité de notre pays et la sécurité des voies maritimes vers l’Europe et les Amériques ;
– Les besoins d’approvisionnement en produits pour les usines de traitement et de transformations dans lesquelles des investissements importants sont déjà réalisés ; le revers de la médaille étant la fermeture de ces usines, l’augmentation du chômage et la révolte de ceux qui tiennent à consommer poisson et les produits de la mer pour leurs multiples avantages bénéfiques pour la santé ;
– La pression exercée localement sur les pouvoirs publics par ceux qui se soucient du lien entre la préservation durable des ressources nationales et le vœu de maximiser et pérenniser les retombées politiques, économiques et sociales de l’exploitation de ces ressources (cadres, organisations socio-professionnelles et de la société civile) ;
– La prise de conscience généralisée que les Accords de Partenariat de Pêche (APP), souhaités durables (APPD) par ceux qui en profitent le plus, ne sont pas équitables et portent gravement préjudice à la durabilité des ressources et à la santé de leur environnement ; lors de la dernière Conférence de Nice/France sur les Océans, il a été constaté que ces concepts, chers à la Communauté Internationale, sont généralement et surtout transgressés par leurs propres Initiateurs plus que tout autre pays.
Par ailleurs, il est conseillé à Monsieur l’Evaluateur mandaté par l’UE de bien vouloir intégrer, dans son analyse de la situation des pêches en Mauritanie, l’éveil ou le réveil des Africains, un réveil, déjà effectif au Niger, au Mali, au Bourkina Fasso, en Guinée Conakry et au Sénégal et timidement visible, au Tchad, au Gabon et en Côte d’Ivoire. En d’autres termes, une vision systémique s’impose et impose, a tous, de voir les choses autrement.
Les prémisses de l’ordre mondial prôné ou voulu par le Président Trump et la réaction encore passive de ses principaux concurrents, font que les petits pays vont dorénavant compter parfois plus que certains pays déjà développés et habitués à dominer. Leur place dans la carte du monde en vue, sera en fonction de la nature et du volume des ressources naturelles qu’ils détiennent et du caractère stratégique de leur position géographique.
Enfin, est-il clair pour tous que je ne parle pas au nom du Ministère en charges des pêches duquel m’avait fait quitter l’ancien Président Mohamed Ould Abdel Aziz (cheva hou llah) à cause de ma position, en qualité alors de Directeur de la Pêche Industrielle, au sujet de la Convention d’Etablissement de la société chinoise Polyhondong. Je ne suis donc pas une voix autorisée. Stop et fin.
Dr Sidi El Moctar AHMED TALEB