De prime abord, il est clair que, durant ces élections, le Parti INSAF est apparu comme le parti le plus puissant et le plus populaire, représenté dans toutes les circonscriptions électorales, bien qu’il ait été affecté par certaines dissidences lors de l’annonce de ses candidatures alors que nous étions tout proches de la campagne électorale.
Cette situation inédite a sans doute affecté les chances du parti, en tant que locomotive des partis majoritaires. La campagne électorale a été caractérisée par la discipline, la fluidité ; et les candidats se sont exprimés librement dans une atmosphère générale de calme et de respect mutuel entre les partis politiques.
Il faudrait dire que le mérite de cette atmosphère paisible revient, dans une grande mesure, à Son Excellence le Président de la République qui n’a cessé de cultiver le consensus depuis son arrivée au pouvoir en 2019.
Les résultats des élections vont nous permettre d’évaluer le degré de satisfaction de l’électorat à l’égard des choix des partis proposés pour les différents postes électifs ; et sont autant de messages clairs pouvant être objectivement évalués.
Ici, une question centrale et importante doit être posée : pourquoi ce nombre grandissant de mécontents des choix du parti INSAF alors que nous sommes tout prêt de nouvelles élections présidentielles. C’est d’ailleurs ce que j’avais souligné dans un précédent article publié, le 22/12/06 et sur Mauritania Now et Cridem.
Cette question nous dicte tout l’intérêt de suivre des méthodes spécifiques qui aideront à une sélection optimale des candidats aux différentes échéances électorales dans l’avenir. Et ce, afin que chaque candidat sache, de manière claire et transparente, pourquoi il a été sélectionné ou disqualifié. Cela préservera la cohésion du parti, et assurera une certaine fidélité de la base qui y verra un signe d’équité et de justice ; ce qui est d’ailleurs le slogan de notre parti INSAF.
Dans ce cadre, je pense qu’il est nécessaire de mettre en place des mécanismes internes qui produiront pour nous des candidats sur le modèle des grands partis dans les démocraties anciennes, notamment l’Europe et l‘Amérique ; avec une discrimination positive pour les listes des femmes et des jeunes.
C’est ce à quoi nous avons travaillé pendant la campagne électorale à travers la mobilisation, la sensibilisation et le travail de terrain pour soutenir toutes les bonnes options du parti.
Le camp de la majorité présidentielle doit se rendre compte que nous devons apprécier, à sa juste valeur, le leadership de S. E. M. Mohamed Cheikh Ghazouani, qui a laissé une grande marge de manœuvre à chaque responsable, sans aucune ingérence directe ou indirecte, ce qui oblige chacun à assumer ses propres responsabilités.
Dans un message adressé aux partis politiques avant le lancement de la campagne, Son Excellence a affirmé : « Ce qui a marqué la scène politique au cours des trois dernières années, c’est la calme et la sérénité dans la divergence. Et j’avais pris un engagement envers moi-même et fait de grands efforts pour atteindre cet objectif et le préserver… »
Ceci étant, on ne peut pas dire que c’est la discipline qui a prévalu dans le camp du parti INSAF. Et pourtant, cela ne semble pas trop avoir handicapé le parti présidentiel. En effet, des résultats significatifs ont été obtenus par le parti INSAF, notamment dans les neuf Moughataas des trois Wilayas de Nouakchott, jusqu’ici considérées comme des bastions de l’opposition.
Le Parti INSAF a tout particulièrement brillé au niveau des conseils régionaux, des municipalités et autres listes nationales. Certains candidats frondeurs du parti INSAF ont remporté un certain nombre de sièges parlementaires et un certain nombre de municipalités. Le parti présidentiel a quasiment remporté tous les conseils régionaux.
Le vieux dicton selon lequel « il ne faudrait pas mettre tous ses œufs dans le même panier » semble avoir ici tout son sens. Seule bémol, et pas des moindres, cela ne va-t-il pas ouvrir la boîte de Pandore ? That is the question.
Nevissa Ahmed Dewla