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Déclaration : L’appel de Diewol : la priorité est ailleurs – FONADH

Depuis quelques jours, un document intitulé « Appel de Djeol pour l’unité nationale » est soumis à la signature des Mauritaniens sans que l’on sache exactement le but recherché par ses promoteurs.

Même si on peut se féliciter d’une telle initiative – si elle est sincère – on reste circonspect sur sa capacité à faire évoluer dans le bon sens les problématiques qui handicapent l’unité nationale et la cohésion sociale : l’esclavage et ses séquelles qui persistent, le passif humanitaire non encore réglé, l’accaparement des terres dans la Vallée, les difficultés d’accès à l’état civil, un enseignement au rabais, etc.

C’est dire que l’urgence à trouver une solution adéquate à ces problématiques ne saurait être dissoute dans des « appels » qui n’apportent ni remède ni soulagement aux maux dont souffre la Mauritanie, si ce n’est le populisme qui les sous-tend et les dithyrambes qui vont avec.

Le FONADH, qui se souvient du sort peu enviable réservé à « la fameuse prière de l’absent de Kaédi » et « la journée de l’unité du 25 mars » décrétées par l’ancien Président Mohamed Abdel Abdel Aziz, estime que le vrai combat pour traduire dans le réel l’unité nationale réside ailleurs.

A ce titre, le FONADH demande l’organisation dans les meilleurs délais de larges concertations sur les vraies problématiques et la mise en œuvre adéquate et rapide des résolutions qui en seront issues.

Nous membres du FONADH, prenons acte du contenu de cet appel dont nous partageons l’esprit. Osons espérer qu’il ne sera pas un appel dans le vide, comme à l’accoutumée, pour vivre le même sort car jusque l’à aucune décision n’a été matérialisée tout est resté lettre morte. C’est le cas à titre d’exemples des appels lancés à Chinguiti, à Ouadane ect….

Pour nous, membres du FONADH le thème de l’unité nationale est actuellement galvaudé. Les discours sont importants mais ce sont les actes quotidiens de justice pour tous, de travail pour tous, de promotion professionnelle pour tous…qui constituent la sève nourricière de l’unité nationale et de cohésion nationale.

Nous aspirons profondément à l’unité nationale et à la cohésion entre les différentes composantes de notre GRAND PEUPLE, mais l’unité nationale ne se décrète pas. C’est une quête permanente adossée à des attitudes, des comportements et des pratiques civiques et citoyens à tous les niveaux particulièrement au niveau des détenteurs d’obligations.

La déclaration de Djewol reconnait que notre unité nationale est menacée et bien ébranlée et demande un sursaut patriotique des fils et filles de cette Nation, c’est un pas important pourvu que les détenteurs d’obligations donnent des signaux forts de leur engagement dans les meilleurs délais.

Pour le FONADH, les détenteurs d’obligations doivent s’attaquer aux racines du mal pour l’éradiquer. Ces racines s’identifient aux problématiques que sont :

1-l’exclusion des composantes noires en Mauritanie (des postes de responsabilité, des forces armées et de sécurité…)

2- le partage inéquitable des richesses et des opportunités entre toutes les Mauritaniennes et Mauritaniens ; car seule l’élite d’une ethnie contrôle les richesses du pays.

3- les pesanteurs socioculturelles, et autres disparités de la diversité, sources d’intolérance et d’injustices sociales flagrantes dont l’iniquité dans l’information à la Radio et à la Télévision nationale et la plus cruelle est l’esclavage par ascendance ou moderne.

Enfin le FONADH, recommande aux détenteurs d’obligations une série de mesures allant dans le sens de favoriser le sentiment d’une communauté de destin dans un pays où chaque Mauritanienne et Mauritanien se sent en citoyenne et en citoyen à part entière

– Procéder à des nominations inclusives, et non discriminatoires,

– Répartir de manière juste les richesses nationales entre toutes les Mauritaniennes et Mauritaniens sans distinction, d’appartenance ethnique, géographique.

– Sanctionner les pratiques discriminatoires qui ne respectent pas la dignité Humaine telle que l’esclavage

– Trouver une solution juste du passif humanitaire qui passe par une concertation sérieuse avec les victimes et les ayant droits.

– Respecter et faire respecter les droits fonciers de toutes les Mauritaniennes et Mauritaniens en mettant fin aux accaparements des terres agricoles des populations de la vallée.

– Organiser de vraies assises inclusives, autour des questions de l’unité nationale C’est seulement à ces conditions couplées d’un engagement fort d’un Etat démocratique qui assume ses Responsabilités pleines et entières que l’unité Nationale peut être promue.

Fait à Nouakchott, le 25 Avril 2023
Le Secrétaire Exécutif
Mamadou Moctar Sarr
Les organisations signataires

– Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH),

– Collectif des Anciens Fonctionnaires de la Police Victimes des Evénements de 1989

– Collectif des Rescapés Anciens Détenus Politiques Civils Torturés(CRADPOCIT)

– Collectif des Veuves,

– Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des Droits Humains en Mauritanie(CSVVDHM),

– Groupes d’Etudes et de Recherches sur le Démocratie et le Développement Economique et Social (GERRDES),

– Ligue Africaine des Droits de l’Homme (Section Mauritanie),

– Regroupement des Victimes des Evénements de 1989- 1991 (REVE),

– SOS – Esclaves,

– Association des Femmes Chefs de familles (AFCF),

– Association de la Femme Citoyenne Engagée (AFCE)

– Association Mauritanienne pour la Promotion de la Langue et de la Culture SOONINKE (AMPLCS),

– Association pour la Renaissance du Pulaar en RIM (ARPRIM),

– Association pour le Renforcement de la Démocratie et de l’Education Citoyenne (ARDEC),

– Association pour le Développement Intègre de L’Enfant (APDE),

– Association pour la Promotion de la Langue Wolof en RIM (APROLAWORIM),

– Association d’Appui au Développement à la Base (SALNDOU).

– Ligue Mauritanienne des Droits de l’homme (LMDH),

– Union Nationale des Rapatriés Mauritaniens du Sénégal (UNRMS)

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