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Oh combien de généraux, combien de colonels partis « joyeux « …..

Loin de moi la mauvaise la prétention de vouloir plagier, ne serait-ce qu’ avec quelque brin d’humour sarcastique, la majestueuse plume du plus grand écrivain romantique français du 19ème siècle, le monument de la littérature, Victor Hugo.

Mais ni l’exaltation du moi profond, ni le lyrisme social de cet éminent poète en d’autres contrées et sous d’autres cieux, ne doivent nous détourner de nos propres réalités locales….

Figurez-vous qu’en cette seule année de 2023, nos Forces Armées et de Sécurité doivent se séparer de 13 généraux et de 26 colonels, tenus à faire valoir leurs droits à la retraite….Une véritable saignée que certains de leurs collègues perçoivent avec indifférence, probablement par égoïsme (cela n’arrive qu’aux autres, avant que leur tour ne vienne); d’autres, plus lucides se posent des questions plus pertinentes, autrement plus raisonnables.

J’ai toujours soutenu que pour un colonel, partir à la retraite à 60 ans, est non seulement une perte pour l’armée, mais également un supplice pour l’intéressé. Car dans l’Armée de façon générale, il y a deux grades très importants et qui constituent une charnière entre les autres échelons : les grades de capitaine et celui de colonel. C’est à partir du grade de capitaine qu’on commence à manœuvrer seul avec sa compagnie de combat, donc à chercher tous les renseignements de manière tactique ou technique sur le terrain ou sur l’ennemi.

C’est aussi à partir du grade colonel qu’on peut commander un régiment, voire une région militaire, avec une véritable autonomie structurante, ayant comme main courante la doctrine d’emploi de son Armée que les généraux du ministère de la défense ont déjà élaborée. Car être général c’est plutôt une distinction qui doit se concrétiser au stade de la conception doctrinale.

Ainsi, ce grade ne doit pas être donné à n’importe qui. Il faut mériter ce grade de général de par sa compétence, son comportement, son patriotisme., ce qui n’était plus le cas malheureusement en Mauritanie. Le commandement militaire doit mettre fin à cette prolifération, très néfaste pour l’institution à plus d’un titre.

A/ Retraite à 60 ans pour un colonel : avantages et inconvénients….

Notre espérance de vie a augmenté, grâce aux bienfaits de la science dans tous les domaines de la société humaine, ce qui se répercute sur la modernité de notre hygiène de vie, sur le changement qualitatif de nos habitudes alimentaires etc…Un homme de 60 ans en 1900, n’a pas le même look qu’un homme qui a le même âge en 2000.

De nos jours, à 60 ans on est encore coriace, tout à fait capable de crapahuter, de sauter même en parachute si nécessité il y a. C’est un véritable supplice que de libérer un colonel à 60 ans et en pleine forme, encore capable de dépecer un cabris et le manger sans ruminer !!!. Que va faire un colonel qui ne connaît que le métier des Armes à 60 ans?

Sa maigre pension ne lui sera d’aucune utilité et on risque de prolonger son agonie, le curseur de son espérance de vie ayant grimpé. Son seul salut est d’habiter dans une mosquée près de chez lui.

Et pourtant, dans la situation actuelle de notre Armée, un colonel rend plus de services qu’un général, surtout quand ce dernier fait pousser son ventre beaucoup plus que les appartements qu’il construit. Dans ce cas, il serait souhaitable que la limite d’âge du colonel soit portée de 62 ans au moins à 64 au plus, si un jour on voudra bien penser au grade de colonel-Major.

Nous aurons constaté que le départ à la retraite d’un colonel à 60 ans, est tout simplement un « désastre humanitaire » surtout quand ce dernier est issu de ce qu’on appelle en France les armes savantes, à savoir le génie et l’artillerie.

B/ La limite d’âge au grade de général:

Il ne doit pas avoir plus de 6 à 7 généraux en activité, soit-elle alternée, dans les Forces Armées et de Sécurité de Mauritanie. Le chef d’Etat- Major des Forces Armées et de Sécurité, et son adjoint, le chef d’Etat-Major particulier du président de la république, l’inspecteur général des Forces Armées, les chefs de corps de la Gendarmerie, de la Garde Nationale, de la Police Nationale(commissaire divisionnaire), le secrétaire général du ministère de la Défense, doivent, ou peuvent prétendre au grade de général. Mais les chefs de corps de la Garde, de la Police, de la Gendarmerie, ne doivent dépasser le grade de général de brigade.

Seuls le CEMGA et son CEMGAA, doivent prétendre au grade de général de division. Il serait même normal que le chef d’Etat-Major des Armées soit élevé aux « rang et appellation » de général de corps d’Armée, dès qu’il est nommé CEMGA. Et que le chef d’Etat-Major adjoint soit promu au grade de général de division le jour où il est nommé CEMGAA. En effet le chef d’Etat-Major et son adjoint doivent coiffer tous les militaires sur les rangs, afin de respecter les règles très chères aux militaires mauritaniens de l’ancienneté..

Aussi tous les commandants de régions militaires doivent être de jeunes colonels aptes physiquement; tous les chefs de bataillons, sont, soit des lieutenants- colonels, soit des commandants anciens au grade. Il faut restaurer la valeur des grades d’officiers supérieurs, longtemps corrompus par la quête obsédante à vouloir être coûte que coûte un général, rien que pour avoir une retraite dorée.

Depuis 2019, j’ai toujours dit qu’un général de brigade doit prendre sa retraite à 64 ans et le divisionnaire à 66 ans. Je réitère cette demande en tenant compte des arguments ci-dessus évoqués, à savoir principalement l’espérance de vie.

Observons les pays limitrophes, particulièrement le Sénégal où le président Macky Sall vient d’élever deux généraux de division aux « rang et appellation » de général d’Armée pour Wade et de général de corps d’Armée pour Cissé, désormais CEMGA. Si un jour le CEMGA mauritanien, le général de division MOKTAR OULD BOLLE OULD CHAABANE, devrait répondre à une invitation au Sénégal, il sera tenu de se mettre au garde-à-vous devant le général de corps d’Armée Cissé.

Comme quoi une distinction, une appellation, un rang peuvent manipuler la préséance protocolaire en changeant de manière subtile le destin d’une Nation. Car le CEMGA CISSE, en général de corps d’Armée, aura un petit ascendant, soit-il psychologique sur le CEMGA divisionnaire, MOKTAR OULD BOLLE CHAABANE, même si nous savons que notre chef est un militaire dans l’âme et que sa perfection dans le domaine militaire lui concède de défier n’importe quelle compétition, soit-elle émulative, et d’où qu’elle vienne. /.

ELY OULD SIDAHMED KROMBELE, FRANCE

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