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Mauritanie : Prise en charge du cancer du sein : L’OCO assure un traitement standard

En Mauritanie, la maladie du cancer, peu connu du grand public il y a encore peu est devenue plus populaire depuis l’ouverture du tout premier centre de médecine nucléaire avec le concours de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) à la fin de l’année 2014.

Ce fut une grande chance pour les malades de plus en plus nombreux à visiter ce centre, l’Office National d’Oncologie (OCO).

Une patiente témoigne

Pour Z.F la quarantaine passée, originaire de Tintane à l’extrême Est de la Mauritanie, sa vie a basculé le jour où elle apprit qu’elle était porteuse d’une tumeur cancéreuse située juste au dessus du sein gauche.

Cela veut dire que le mal peut envahir les tissus voisins et que certaines cellules peuvent s’en détacher et circuler dans le sang et atteindre des parties du corps éloignées.

« C’était en 2018. J’avais juste un bouton là. Le docteur a dit dans un premier temps ce n’était rien. Puis j’ai voyagé à Nouadhibou. Là quelques jours plus tard je suis tombé malade. Et là ma famille a décidé de m’amener à Dakar pour aller voir le Dr Pierre Ndiaye pour faire un diagnostic plus poussé. Après plusieurs jours d’attente le Dr m’a dit que j’étais atteinte de cancer. C’était très dur pour moi. Je me disais que la vie c’était fini. Par la suite ma situation s’est aggravée et nous sommes rentrés en Mauritanie.

J’avais régulièrement des nausées, des vomissements qui étaient très forts et qui me gênaient trop ; ça a duré près d’une semaine et je suis allée à l’hôpital plusieurs fois ; J’avais aussi des vertiges qui me gênaient  trop. »

A Nouakchott j’étais soigné au niveau de l’OCO. C’était difficile au début mais après ma situation s’est améliorée au fur et à mesure que je prenais le traitement. »

Ce témoignage de Z.F résume un peu le parcours des malades du cancer en Mauritanie. En effet, comme tel semble être le cas dans beaucoup de pays arabes, les patients qui ont le cancer du sein, font le diagnostic mais quant le médecin annonce le résultat ils n’ont pas confiance. Il leur faut aller chercher un autre médecin pour vérifier.

Le cancer, un problème de santé publique majeur

Le cancer tue chaque année plus de 7,6 millions de personnes-soit plus que le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme réunis. Il est dorénavant considéré comme un problème de santé publique majeur dans toute l’Afrique.

En 2020 on notait plus de 19 millions de nouveaux cas et 10 millions de décès du cancer selon une agence spécialisée de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui s’occupe de la recherche sur le cancer.

La tumeur du sein figure parmi les cancers les plus fréquemment diagnostiqués. Ce type de cancer représente 11,7% des nouveaux cas rapportés dans la population mondiale en 2020.

Des progrès significatifs en Mauritanie

Selon une étude publiée en 2013 (« Le cancer en Mauritanie : résultats sur 10 ans du registre hospitalier de Nouakchott »  dans The Panafrican Medical Journal du 14 avril), le fardeau du cancer reste mal connu en Mauritanie. Il n’est basé que sur des extrapolations de l’incidence des cancers des pays avoisinants. Rappelons que l’incidence fait allusion au nombre de nouveaux cas d’une maladie, pendant une période donnée et pour une population déterminée. Les données du registre de l’hôpital national permettent de décrire les cas avec un diagnostic histologique (Analyse à l’aide de différents microscopes des tissus pour rechercher une maladie.) Tous les cas de cancers enregistrés par le service d’anatomo-pathologie de l’hôpital national de Nouakchott de 2000 à 2009 ont été analysés. En 10 ans, 3305 prélèvements histologiques ont été analysés.
Chez la femme, un quart des biopsies (Une biopsie est une intervention lors de laquelle on prélève un échantillon de tissu ou de tumeur afin de l’examiner au microscope) était des cancers du sein (485 au total).

Selon un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) publié en février 2013, le cancer représente 5% des causes de décès en Mauritanie.

Au niveau des statistiques récentes rapportées dans un document du ministère mauritanien de la de la santé intitulé : « Plan National de Lutte Contre le Cancer (PNLCC)- 2018-2022 », on note qu’en Mauritanie, 1115 nouveaux cas ont été enregistrés en 2016 dont 112 sont décédés (10%).
Ces chiffres représentent trois nouveaux cas chaque jour dans le pays.
Ainsi selon le Dr Nagi, la création de l’OCO a permis une impulsion dynamique à la lutte contre le cancer.

Il convient de rappeler qu’en Mauritanie le premier cas de cancer évacué à l’étranger est survenu en 1991.

Le pays a fait ainsi beaucoup de chemin en quelques années à
peine dans le traitement du cancer selon le directeur du Centre national d’oncologie qui affirme que « ce centre dispose de tous les équipements de pointe nécessaires et des ressources humaines qualifiés. »

« Ce centre ajoute-t-il est aujourd’hui capable de fournir des services de radiothérapie et de médecine nucléaire à l’aide d’équipements très perfectionnés exploités par des mauritaniens. »

De ce fait grâce aux progrès réalisés ces dernières années et à la collaboration de l’AIEA, les patients mauritaniens ne sont plus évacués au Maroc, en Tunisie ou ailleurs.

Ainsi, les patients mauritaniens du cancer comme Z.F profitent pleinement des services de l’OCO. « Il y a de l’organisation et de l’ordre. Le seul problème c’est qu’ils n’ont pas le temps pour laisser le patient discuter de ses problèmes. Mais à part ça, le personnel est accessible et gentil. »

Z.F a recouvré la santé après un traitement qui a duré trois ans. « Moi on a enlevé mon sein mais je suis guéri. Je suis redevenu une femme normale. Je marche et vaque à mes occupations. Mais je continue aussi à faire des bilans. »

Du côté du personnel de l’OCO on s’adapte aussi. « Je travaille ici depuis plus de 2 ans, note Ahmed. J’ai fait une formation d’un mois en Inde au Tat memorial centre de Mombay et puis j’ai une connaissance de ce centre.

Je suis sorti avec un doctorat de la Syrie en 2012 à Tichrine University et puis j’ai commencé ma carrière professionnelle en tant que médecin généraliste.

J’ai beaucoup appris dans ce centre. J’ai tenté de renforcer mes capacités dans ce domaine car c’est une spécialité de pointe qui a besoin de spécialistes.

Selon mon expérience et les études effectuées par le centre, le cancer du sein vient en première position en termes de nombre de malades femmes. Donc ils sont les plus présentes ici. On reçoit des malades de tous âges avec cependant une majorité de patients qui ont plus de 40 ans. Par ailleurs, le cancer du sein est le mieux traité ici du fait du nombre élevé de malades. On fait recours au Protocole Standard, au traitement curatif et au traitement palliatif. Bien vrai qu’on rencontre des cas complexes et difficiles à traiter. »

Ahmed ajoute : « Pour chaque malade on fait un bilan biologique et une évaluation clinique. Pour le curatif il faut qu’il le fasse. Pour les patients sous chimiothérapie, on leur fait un bilan d’évaluation. »

Même son de cloche chez le Dr Sidi : « Je suis sortant de l’école de santé publique de Nouakchott. Et j’ai travaillé au centre de santé de Boutilimit avant de venir ici à l’oncologie en 2011.Au début c’était très difficile pour moi mais avec les collègues qui étaient ici, j’ai beaucoup appris et j’ai pu m’adapter et profiter des formations faites au niveau du centre. C’est la première fois que j’entendais le mot oncologie quand je suis venu à Nouakchott.

Je ne pensais pas qu’on pouvait traiter le cancer. Je pensais que l’objectif du centre c’est de soulager les malades et limiter les évacuations à l’étranger. C’est peut être une politique de l’Etat pour pouvoir garder les malades ici pour pouvoir mieux les aider.

Ma vision a fondamentalement changé parce que j’ai compris que le cancer c’est une maladie comme les autres maladies et elle peut guérir si le malade vient à temps. »

Expliquant la prise en charge des malades Sidi affirme : « Si le malade se présente ici, avec chaque infirmier il y a un garçon de salle avec lui ; c’est le garçon de salle qui va accueillir le malade en premier pour l’amener aux urgences s’il marche, sinon il le met sur le chariot ;et l’infirmier va venir, il voit le malade ;il prend sa tension et des informations sur son état ;puis le médecin vient il va prescrire les ordonnances puis lui il va lui administrer le médicament. »

Aujourd’hui au niveau du Centre national d’oncologie on utilise les techniques de la médecine nucléaire et la radiothérapie, pour diagnostiquer, traiter et prendre en charge des maladies.

Ce centre qui répond aux standards internationaux est considéré comme l’un des plus en vue de la sous-région.

Bakari Gueye

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