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Le système politique qui nous gouverne depuis près de quarante ans n’est pas près de s’éteindre. Par Béchir Fall

La particularité de la Mauritanie est que les hommes qui la gouvernent sont fortement marqués par un système politique dont ils sont tous issus. Des officiers supérieurs, des chefs de tribus ou notabilités locales, des hommes d’affaires, certains intellos, hauts fonctionnaires ou cadres jouant le rôle de supplétifs, en sont les éléments moteurs.

Lesquels subissent l’influence d’un milieu féodalo-tribal très prégnant. Ils sont réfractaires à la notion d’Etat, tolérant une injustice sociale chronique pourvu que leurs proches n’en souffrent pas. D’où le peu de changement apporté par la succession des hommes au pouvoir depuis des lustres, formés dans le même moule, puisant dans le même vivier, pour s’entourer quasiment des mêmes collaborateurs.

Qui disparaissent quelque temps et réapparaissent au gré des circonstances. Des permutations répétitives, en effet, des mêmes éléments laissant peu de place aux nouveautés, les systèmes étant par nature allergiques aux corps étrangers.

Pour comprendre l’absence de changement notable dans le processus de notre (mal) gouvernance, posons-nous cette question ? Qu’est-ce qu’un système ? Et quels sont ses effets dommageables ? Réfléchissons à sa définition.

« C’est un ensemble complexe d’êtres vivants en interaction, distincts de leur environnement avec lequel ils peuvent être en relation mais en restant cloisonnés. Cet ensemble, qui se régule et se régénère, poursuit toujours les mêmes objectifs et des buts identiques. »

Il est évident que nous sommes, nous autres citoyens en déshérence, devenus la proie de ce système nous anesthésiant jusqu’au bout, malgré quelques différences d’approches mineures des éléments qui le composent. Hélas 90% de nos élites n’en sont pas conscientes et en deviennent complices sans s’en rendre compte. Ou feignent de l’ignorer. C’est pourquoi le système s’installe, nolens volens, dans la durée. En dépit des changements d’hommes au pouvoir.

Le système ne se préoccupe guère des attentes sociales. D’où sa tendance à favoriser ses éléments, les hommes d’affaires, grands bénéficiaires de l’envolée des prix des denrées alimentaires. La seule chose qui compte c’est de continuer à enrichir ses éléments. En banalisant la corruption et généralisant l’impunité pénale pour tous les membres du système.

Et les personnes prises la main dans le sac sont juste écartées pour un court laps de temps, permettant à d’autres de les remplacer, en attente de rebondir dans le cadre d’un recyclage futur. Voilà pourquoi des figures débarquées d’un ministère se retrouvent tout de suite conseillers du prince ou à la tête d’une grande institution de l’Etat.

Une autre particularité du système politique qui nous étouffe si durement est qu’il n’envisage aucune possibilité pour les citoyens de retrouver un peu d’oxygène pour respirer. C’est par exemple son incapacité à admettre une majoration du SMIG et l’appliquer immédiatement.

Une doléance que j’ai réitérée à travers trois articles de presse sur Le Calame et Cridem rédigés en moins de 12 mois et lus par près de 7 000 personnes, dans lesquels je démontre les lacunes d’une administration incompétente et plaide la cause de dizaines de milliers de travailleurs dont une grande partie bascule déjà dans la pauvreté.

Avec la catastrophe sociale que pourrait constituer à terme la disparition d’une classe moyenne réputée partout dynamique pour être la locomotive d’une économie nationale.

Une situation me rendant désespérément triste par le silence et l’attitude incompréhensible de nos dirigeants politiques manquant cruellement d’empathie à l’égard des populations. Décidément, le système politique vivant en vase clos, insensible aux sollicitations et attentes sociales, n’est guère soucieux de son environnement. Et les causes justes ne paraissent jamais accéder à son auditoire.

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