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La souveraineté sanitaire au cœur de la 8ème édition du Forum Galien Afrique

La 8ème édition du Forum Galien Afrique et du prix portant le même nom a été lancé ce matin à Dakar.

La cérémonie d’ouverture a été présidée au nom du Premier ministre Ousmane Sonko, par le Dr Ibrahima Sy, ministre de la santé et de l’hygiène publique. Le forum est suivi par 2500 participants à travers le monde  dont des sommités du monde de la médecine et de la recherche pharmaceutique.

Il vise ainsi à contribuer au développement de la souveraineté sanitaire du continent, en favorisant la prise de conscience, le développement de systèmes de santé résilients et durables mais surtout le renforcement des capacités des États parties et des Communautés économiques régionales (CER) dans la recherche et développement, la production, la réglementation des produits médicaux afin de faciliter la disponibilité et l’accès à des produits de médicaux de qualité, sûrs et efficaces sur le continent.

Le thème choisi cette année résonne avec la réalité de notre époque, a souligné le Pr Awa Marie Coll Seck, présidente du forum qui souhaite voir l’Afrique prendre en main son destin sanitaire.

Et pour ce faire elle a lancé un appel à la jeunesse africaine dont elle a sollicité les capacités d’écoute et d’engagement.

La première journée du forum a été justement marquée par le lancement de la restitution des travaux de l’académie de leadership des jeunes GAYA qui est une séquence du forum des Jeunes, une composante essentielle du forum Galien Afrique qui comporte aussi le forum des femmes et le forum scientifique ; en plus du Prix Galien décerné depuis plus de 50 ans et qui se positionne comme l’équivalent du Prix Nobel en matière d’innovation pharmaceutique.

Académie de leadership des jeunes GAYA

Le programme de l’académie est présenté comme le fer de lance du renforcement de capacités et de l’innovation. Ce programme a été présenté sous le thème « Leadership des jeunes et technologies émergentes : catalyser la souveraineté sanitaire en Afrique ».

Cette session consacrée au leadership des jeunes a connu plusieurs interventions de jeunes leaders ainsi que la présentation de startups tournées vers l’innovation médicale.

C’est ainsi que le Dr Bamba Gaye, directeur Exécutif de l’Alliance pour la recherche médicale en Afrique (AMedRA), qui représente 33 pays, a préconisé la souveraineté sanitaire de l’Afrique. Cela est possible a-t-il martelé, invitant au passage les africains à utiliser leur potentiel et à faire confiance à leur expertise.

A noter que Mr Gaye se consacre au renforcement des capacités de recherche, à la promotion de l’innovation et à la garantie que la recherche en santé en Afrique répond aux défis et aux besoins uniques du continent.

Mr Gaye a mis en exergue les progrès réalisés dans le domaine de la recherche médicale. Il a par ailleurs souligné que la prévention des maladies cardio-vasculaires a permis une réduction de 2/3 au cours des 40 dernières années. Pour lui la prévention primordiale s’avère être une technologie efficace.

Mais ajoute-t-il il convient de faire face à la transition épidémiologique avec l’augmentation des cas de cancer et de maladies cardio-vasculaires au détriment des maladies chroniques.

Et de souligner que l’Afrique avec environ un médecin pour 20.000 habitants est encore loin des normes de l’OMS (un médecin pour 4000 habitants).

Mais explique le Dr Gaye l’espoir est permis avec l’utilisation de l’Intelligence Artificielle et la télémédecine. Mais dans ce domaine il va falloir que l’Afrique produise ses propres donnés, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui.

L’écart est important avec le monde développé. C’est ainsi qu’entre un enfant né à Paris et un enfant né à Dakar il y a une différence de 25 ans d’espérance de vie.

Pour sa part le Dr Cheikh Bamba Fall qui a déposé 11 brevets de haute technologie en Europe et qui accompagne depuis 20 ans les jeunes pépites a présenté l’académie où 14 nationalités sont représentées.

Au niveau de l’académie les jeunes étudiants en médecine et en pharmacie ont bénéficié de 2 sessions. Ce programme s’étend sur 6 semaines combinant apprentissage en ligne et une session finale en présentiel.

A noter que l’Académie vise à renforcer les capacités de leadership des jeunes acteurs de la santé en Afrique ; former à l’utilisation stratégique et éthique des technologies émergentes pour renforcer la souveraineté sanitaire ; favoriser l’émergence de projets collectifs, innovants co-construits entre jeunes de disciplines et pays différents ; et créer une communauté panafricaine engagée, outillée et interconnectée autour de la transformation des systèmes de santé.

Parmi les start-up présentées par les étudiants en médecine il y a MED-EASY, un assistant de santé personnel et numérique considéré par ses concepteurs comme un guide, un coach, un assistant de proximité qui donne un avant-gout de la santé de demain.

Les objectifs visés sont de contribuer à la réforme numérique des systèmes de santé africains ; couvrir l’ensemble du territoire guinéen ; créer un registre communautaire de santé ; étendre en Afrique francophone. A court terme, dans 6 mois la plateforme compte couvrir toute la ville de Conakry et 3 régions du Sénégal ; collaborer avec 100 professionnels de santé ; intégrer 5 structures de soins dans la plateforme.

L’impact attendu est important : digitalisation du système de santé ; Accès aux soins plus rapide et flexibles ; réduction de la saturation des services et amélioration du confort des patients.

Au cours de cette session des technologies majeures qui transforment la santé ont été présentées: Diagnostic et chirurgie de l’œil; téléchirurgie, etc

D’autres startups comme Universal Access ont présenté des modèles sur les systèmes de soins intégrés et autres.

Ainsi, les défis du leadership en santé ont été passés au crible au cours de cette session. Il y a la complexité des systèmes de santé ; la gestion des ressources limitées et la pression financière ; la gestion des équipes interdisciplinaires et multiculturelles ; l’équilibre entre impératifs cliniques et les objectifs organisationnels ; la résolution des problèmes éthiques et moraux et l’évolution rapide des connaissances médicales.

Les solutions mises au point et proposées dans le cadre du forum Galien Afrique visent à corriger la dépendance  sanitaire de l’Afrique qui fait face à de nombreux défis sanitaires, exacerbés par la pandémie mondiale du COVID 19 et des épidémies récurrentes.

Cette dépendance excessive aux importations de médicaments, vaccins et équipements médicaux est fortement décriée, et souligne la nécessité d’avoir une autonomie sanitaire renforcée.

À l’heure actuelle, l’Afrique importe plus de 70 % de ses médicaments et plus de 99 % de ses vaccins, selon l’OMS. Cette dépendance extrême expose le continent à des ruptures d’approvisionnement critiques, comme l’a montré la pandémie de COVID-19, au cours de laquelle les pays africains ont été les derniers servis en vaccins. Par ailleurs, alors que l’Afrique porte 24 % du fardeau mondial des maladies, elle ne dispose que de 3 % des professionnels de santé mondiaux.

Face à ces défis structurels, la souveraineté sanitaire est devenue un impératif stratégique.

Toutefois, plusieurs initiatives africaines montrent des avancées très encourageantes en direction de la souveraineté sanitaire.

C’est ainsi que l’Institut Pasteur de Dakar développe actuellement le projet Madiba, une unité de production de vaccins ARN visant à renforcer l’autonomie vaccinale du continent. En Afrique du Sud, Aspen Pharmacare produit des vaccins Johnson & Johnson, tandis que l’Agence Africaine des Médicaments (AMA) de l’Union Africaine œuvre pour harmoniser les cadres réglementaires et stimuler la production locale. Ces avancées montrent qu’une transformation du système de santé africain est en marche, mais nécessite un engagement renforcé des États, du secteur privé et des partenaires.

Dans ce contexte, le Forum Galien Afrique constitue une plateforme d’échanges scientifiques de haut niveau permettant d’aborder des questions d’intérêt commun, sur les priorités sanitaires du continent.

Et les principaux leviers pour une souveraineté effective  consistent à : développer la production pharmaceutique et biomédicale locale ; renforcer la gouvernance et les institutions de santé publique ; mobiliser les financements nationaux et panafricains et promouvoir la coopération Sud-Sud et les partenariats stratégiques.

Dakar est donc depuis aujourd’hui la capitale africaine de la santé, de la recherche, de l’innovation et du leadership, avec une attention particulière portée aux solutions africaines pour une meilleure autonomie sanitaire du continent.

Bakari Gueye/Dakar

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