ActualitéOpinion

Le consensus des EAU : Un gagnant-gagnant pour tous / Par Mohamed Jalal Alrayssi

Mohamed Jalal Alrayssi / Directeur général de WAM

Mohamed Jalal Alrayssi – Directeur général de WAM

Il y a plus de 30 ans, les dirigeants mondiaux réunis à Rio de Janeiro ont senti le danger que représentait la crise climatique pour l’humanité. Mais le sentiment de danger n’était pas suffisant à l’époque, car le Sommet de la Terre, pour lequel ils ont choisi un titre émotionnel, était dépourvu de tout engagement et était dominé par des volontés multiples et des intérêts divergents.

Cependant, le point positif fut l’accord sur la périodicité de la tenue du sommet sous la bannière des Nations unies.

Depuis lors, et alors que les éditions précédentes de la COP ont posé d’importants jalons, la COP28 marque un tournant dans la lutte contre le changement climatique. Pour la première fois depuis environ trois décennies, la conférence a débouché sur des engagements concrets et réalistes de la part des nations du monde entier. Cette réalisation capitale reflète l’engagement inébranlable de la présidence de la COP28 en faveur de l’inclusion et de la garantie que tout le monde est entendu et que tous les points de vue sont pris en compte.

C’est la première fois que des dirigeants mondiaux, des organisations internationales et non gouvernementales et des chefs d’entreprise se mettent d’accord sur des lignes directrices claires et précises pour sauver la planète, après des discussions marathon qui ont nécessité des heures supplémentaires. À l’issue de ces discussions, le consensus des EAU a vu le jour. Il s’agit d’un ensemble de mesures historiques définissant un plan solide pour maintenir les températures mondiales en dessous de 1,5°C. Ce consensus a été décrit comme une victoire pour le multilatéralisme et la diplomatie climatique, tous les pays s’étant mis d’accord sur cet objectif commun, ce qui constitue une première mondiale.

Des engagements solides :

La COP28 des EAU a remporté une victoire dès le premier jour de l’événement mondial lorsque les nations ont convenu de mettre en œuvre le fonds pour les pertes et dommages et de tripler la capacité mondiale en matière d’énergies renouvelables d’ici 2030. Cet accord historique vise à aider les pays les plus pauvres et les plus vulnérables du monde à assumer les conséquences irréversibles des catastrophes climatiques.

Le deuxième jour, le président, Son Altesse Cheikh Mohamed bin Zayed Al Nahyan, a annoncé le lancement d’ALTÉRRA, une nouvelle plateforme d’investissement visant à orienter les capitaux privés vers les investissements climatiques et à améliorer l’accès au financement climatique dans les marchés émergents, en particulier dans les pays du Sud. Cette nouvelle plateforme est le plus grand véhicule d’investissement pour la lutte contre le changement climatique. Elle vise à mobiliser 250 milliards de dollars à l’échelle mondiale d’ici à 2030.

Jusqu’au 11 décembre, la COP28 a mobilisé plus de 83 milliards de dollars de financement, ouvrant la voie à une nouvelle ère d’action climatique. Les engagements pris lors de la COP28 sont nombreux : premières déclarations sur la transformation des systèmes alimentaires et la santé, déclarations sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, initiatives visant à décarboner les industries fortement émettrices de carbone. Onze engagements et déclarations ont été lancés et ont reçu un soutien historique.

Ces engagements se caractérisent par leur exhaustivité et incluent pour la première fois les systèmes alimentaires, la santé, les énergies renouvelables et l’élimination du carbone.

Un engagement commun … Une voie claire vers l’avenir :

La COP28 a constitué un puissant témoignage de l’engagement collectif du monde à s’attaquer à la crise climatique. La collaboration et le partage des responsabilités ont permis d’éclairer une voie qui n’était pas claire auparavant. Toutes les nations et tous les peuples ont été invités à faire leur part pour que l’objectif essentiel de limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius reste à portée de main.

Pour combler le fossé entre l’ambition et la réalité, la COP28 a fait participer toutes les parties prenantes aux négociations, en rétablissant la confiance dans un cadre de transparence, de clarté et d’équité.

Une approche pragmatique :

La COP28 a adopté une approche pragmatique, en donnant la priorité à des politiques efficaces et solides qui permettent d’atteindre la neutralité carbone et l’absence d’émissions tout en favorisant la croissance économique. Cette approche reconnaît que l’action en faveur du climat stimule la croissance et la prospérité et que, inversement, la prospérité économique permet d’investir davantage dans la réalisation d’émissions nettes nulles.

Une décennie décisive :

Malgré la diversité des perspectives et des visions internationales sur la réalisation de l’objectif de neutralité carbone des Nations unies et sur la compensation des pays en développement, la présidence de la COP28 a réussi à faire passer un message clair : « La décennie actuelle est cruciale pour la réalisation des objectifs climatiques. Nous devons surmonter les obstacles existants et passer des discussions à des actions concrètes, notamment en matière d’atténuation, d’adaptation, de financement du climat et de traitement des pertes et dommages.

L’urgence de parvenir à un accord juste et équitable a été constamment soulignée. Il n’y a pas de place pour l’échec ou le retard, une action décisive est essentielle !

Chefs d’entreprise :

La COP28 a fait le pari de l’inclusivité, en réunissant des nations, des organisations internationales et non gouvernementales, et en reconnaissant le rôle essentiel des chefs d’entreprise et des acteurs du secteur de l’énergie. En incluant ces acteurs cruciaux, qui représentent à la fois le défi et la solution, la COP28 s’est imposée comme la conférence sur le climat la plus inclusive et la plus influente à ce jour.

Santé, Législation, Religions :

Pour la première fois, la COP28 a officiellement inclus des représentants de la santé, des parlementaires internationaux et des représentants religieux. La santé a occupé le devant de la scène, avec des discussions et des collaborations spécifiques. En outre, l’Union interparlementaire a tenu ses réunions simultanément et sur place, soulignant la responsabilité partagée entre les pouvoirs exécutif et législatif dans la lutte contre le changement climatique.

Après la COP :

Le paysage après la COP28 est appelé à changer radicalement. En particulier, l’engagement historique pris récemment par la Chine et les États-Unis de réduire le méthane et d’autres gaz autres que le dioxyde de carbone dans l’ensemble de leurs économies marque une avancée significative dans la lutte contre les émissions mondiales. « Le consensus atteint entre les États-Unis et la Chine est un moment important avant la COP28 », a déclaré le président de la COP28. « Il indique clairement qu’en dépit des défis mondiaux, l’appel à l’action climatique lancé par la COP28 unit les parties et rehausse l’ambition.

La COP28 a établi une nouvelle norme pour les conférences climatiques réussies à venir. Tirant parti de l’expertise des EAU et de leurs solides relations internationales, l’événement a permis de vivre une expérience exceptionnelle, saluée par les participants comme la plus inclusive et la plus impactante à ce jour. Ce succès marque un tournant décisif dans notre lutte collective contre le changement climatique et témoigne d’un regain d’espoir et d’élan pour l’avenir de notre planète.

Traduit par : Gihane Fawzi.

Katia El Hayek / Gihane Fawzi

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page