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Tunisie : le président ordonne l’expulsion pour «ingérence» de la plus haute responsable syndicale de l’UE

Le président tunisien Kaïs Saïed a ordonné samedi l’expulsion de la plus haute responsable syndicale de l’Union européenne pour des déclarations qualifiées par Tunis d’«ingérence flagrante» dans les affaires intérieures du pays, a annoncé la présidence.

«Sur ordre du président Kaïs Saïed, les autorités tunisiennes ont ordonné le départ d’Esther Lynch», la secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Esther Lynch «a pris part à une manifestation organisée par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et a tenu des propos qui constituent une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de la Tunisie», selon le communiqué.

Les autorités lui donnent 24 heures pour quitter la Tunisie où elle est désormais considérée comme «persona non grata», selon la même source.

Plus tôt dans la journée, la responsable syndicale européenne avait pris part à une manifestation organisée à l’appel de la puissante centrale syndicale UGTT dans la ville portuaire de Sfax (centre-est).

Il s’agissait d’une des nombreuses manifestations organisées simultanément dans plusieurs villes du pays pour protester contre l’arrestation d’un important responsable syndical local et contre la dégradation de la situation économique.

Venue apporter la «solidarité de la part de 45 millions de travailleurs en Europe», Esther Lynch s’est adressée à la foule réunie dans ce bastion historique du syndicalisme tunisien. «Nous disons aux gouvernements: ne touchez pas à nos syndicats, libérez nos dirigeants», a-t-elle lancé.

Le gouvernement tunisien doit «s’asseoir et négocier avec l’UGTT pour trouver une solution» afin d’améliorer la situation politique et économique actuelle, a-t-elle ajouté.

Les manifestants protestaient notamment contre l’arrestation fin janvier d’Anis Kaabi, responsable pour la branche autoroutes de l’UGTT.

L’UGTT, qui assure être une cible du président Kaïs Saïed, a annoncé des sit-in et rassemblements contre la politique du chef de l’État pour les semaines à venir, avec comme point culminant une marche à Tunis le 11 mars.

Kaïs Saïed concentre tous les pouvoirs depuis 18 mois et a révisé la Constitution pour réduire les prérogatives du Parlement et revenir à un système ultra-présidentiel similaire à celui d’avant la Révolution de 2011 et la chute du dictateur Ben Ali.

Outre les divisions politiques que ce processus a provoquées, le pays a vu son économie se détériorer avec une forte inflation (plus de 10%), une augmentation de la pauvreté et un creusement de la dette.

Le Figaro avec AFP

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