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Sénégal : tensions entre le gouvernement et l’opposition à l’approche des élections législatives

Les partisans de Yewwi Askan Wi, la coalition de l’opposition au Sénégal, a manifesté, mercredi, contre la décision du Conseil constitutionnel de rejeter la liste sur laquelle figurent Ousmane Sonko, le principal opposant au gouvernement de Macky Sall et d’autres personnalités, pour les élections législatives prévues le 31 juillet.

À l’approche des élections législatives qui auront lieu le 31 juillet prochain, les tensions s’accumulent entre les deux camps : d’un côté, l’actuel président du Sénégal et de l’Union Africaine, Macky Sall, et de l’autre, le leader de l’opposition, Ousmane Sonko.

Les élections législatives visent à renouveler, pour cinq ans, les 165 députés de l’Assemblée nationale, largement dominée par la coalition présidentielle.

Alors que le préfet de Dakar avait initialement interdit l’organisation d’une manifestation le 3 juin, ce dernier est revenu sur sa décision permettant à des milliers de Sénégalais de descendre dans les rues mercredi 8 juin. Peu avant, ce dernier avait rejeté la liste nationale de l’opposition pour les prochaines législatives et plus généralement contre le pouvoir.

Une manifestation finalement autorisée

La manifestation s’est déroulé de 15 h à 19 h sur la place de l’Obélisque, proche du centre de la capitale, Dakar, où une foule dense, drapée dans les couleurs nationales vert, or et rouge s’est regroupée. « Cette manifestation est un avertissement à Macky Sall. Notre seul ennemi est Macky Sall », a déclaré Ousmane Sonko, député à l’Assemblé national et maire de la ville de Ziguinchor, devant des milliers de Sénégalais venus lui manifester leur soutien.

« Il y a trop de malversations politiques. Le peuple souffre. Nous voulons que le Sénégal se développe », s’est, de son côté, confié un manifestant. « Comment un pays peut-il se développer sans l’éducation, sans la santé ou l’alimentation ? On en a marre du président », a déclaré un second manifestant au micro de France 24.

Ces derniers, en colère, se révoltent contre les obstacles qui se dressent contre l’opposition pour participer aux législatives, la situation politique et la hausse des prix qui sévit dans le pays.

Les raisons du refus

De son côté, le gouvernement réfute les accusations qui sont porté à son encontre et explique les raisons qui ont poussé le Conseil constitutionnel à refuser ces listes.

Le Conseil constitutionnel a confirmé la semaine passée le rejet de la liste nationale de Yewwi Askan Wi, coalition menée par le parti de Ousmane Sonko. Cette décision revient à écarter des élections Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et candidat déclaré à celle de 2024, et d’autre figures de l’opposition.

Il s’agit de la liste des titulaires de Yewwi Askan Wi, et non celle des suppléants, qui reste valide. Il a aussi invalidé la liste des suppléants de la majorité présidentielle, mais non pas celle des titulaires.

Selon, Alioune Ndoye, le ministre des Pêches et de l’Économie maritime, les opposants « n’ont pas respecté des règles mineures telles que celles qui touchent à la parité et au parrainage ».

En effet, il reproche à l’opposition d’avoir commis une erreur en choisissant une personne inéligible pour les représenter. « Une personne ne peut être présente dans deux listes (titulaire et suppléant) selon la loi », a-t-il déclaré sur l’antenne de France 24 le mardi 7 juin.

Le président sénégalais s’est également prononcé sur ce sujet en déclarant dans un entretien à France 24 et RFI, diffusé le 9 juin, « qu’une liste qui ne respecte pas ce que dit la loi, est éliminée ». « Si on est un pays stable, ce n’est pas un hasard. Nous avons un code électoral, il a été discuté pendant des mois », avant de conclure, « pourquoi lorsqu’il s’agit de l’opposition, qu’il y a une décision défavorable, on va appeler à la fin du monde. »

En mars 2021, les tensions entre le gouvernement et l’opposition ont connu un épisode particulièrement violent avec l’arrestation d’Ousmane Sonko, accusé par la justice de viols présumés et placé en garde à vue. Son arrestation a donné lieu à des émeutes durant presqu’une semaine, provoquant quatorze morts. Inculpé par la justice le 8 mars 2021, il a été relâché sous contrôle judiciaire et l’est encore aujourd’hui.

La manifestation avait valeur de test sur la capacité de l’opposition à mobiliser ses troupes. D’après l’AFP, pour beaucoup d’observateurs de la vie politique sénégalaise, les législatives du 31 juillet représente un enjeu important à deux ans de l’élection présidentielle de 2024 : l’issue du scrutin pourrait influencer la décision du président Macky Sall d’entreprendre ou non la conquête d’un troisième mandat.

Avec AFP

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