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Le gouvernement en ordre de bataille pour remettre l’administration au travail

Après les sévères critiques formulées par le chef de l’Etat sur le manque de performance de notre Administration Publique, le gouvernement, qui vient de subir un ajustement technique murement réfléchi, est maintenant en ordre de bataille pour remettre en marche, dans une nouvelle lettre de mission, les Services Publics.

La série de visites de travail dans certains départements qui avaient précédé ce mini réaménagement technique, indiquait d’ores et déjà, pour l’opinion, le degré de préoccupation du gouvernement des maigres résultats obtenus dans la mise en œuvre des promesses électorales du Président de la République qui vient à peine de boucler sa deuxième année de magistrature.

On peut se demander pourtant les causes réelles de la contreperformance de notre Administration Publique qui constitue le bras armé et le principal moteur de développement dans un Etat bien organisé ?

Ces causes sont d’autant plus injustifiables pour l’opinion si on considère l’importance des moyens dont disposent nos services publics pour accomplir correctement les missions qui leurs sont dévolues statutairement. Ces moyens ont été mal utilisés selon les conclusions de la commission d’enquête parlementaire.

En vérité notre administration publique continue aussi de souffrir des mêmes contraintes soulevées en 1999 dans le rapport diagnostic qui avait conduit à l’adoption d’un Programme national de Bonne gouvernance et d’un Plan national de bonne gouvernance.

Ce rapport, accessible sur le net, mettait en exergue, entre autres, les contraintes de blocages qui limitent considérablement l’efficacité de notre appareil administratif et proposait des mesures adéquates pour y remédier.

Parmi ces contraintes, héritées des régimes précédents, et qui persistent encore à nos jours ; le PM les avait clairement citées lors de ses visites des lieux, on peut noter : la mauvaise qualité du service public rendu aux usagers de l’administration : (nos citoyens sont encore mal reçus, mal orientés et insuffisamment informés et conseillés) ; la mauvaise gestion des ressources humaines ; l’absence de motivation du personnel et absence d’application du principe de la récompense et de la sanction dans la fonction publique ; l’absence de transparence dans les nominations à certains postes ; long processus de traitement des dossiers et d exécution des projets ; absences de normes de travail claires induisant des pratiques corruptives ; faible utilisation des NTICS facilitant l’accès rapide à l’information ; déficit de coordination entre les structures opérationnelles et absence d d’un mécanisme de suivi évaluation permanent des missions publiques etc…

Ce sont là quelques facteurs, non exhaustifs, de blocages, hérités du passé, qui rendent notre administration inefficace et contre performante et que le PM à eu, à juste raison, l’idée de corriger par un programme de perfectionnement à l’ENAMJ de tout le personnel de l’administration publique.

On peut se demander à présent si l’ajustement technique du gouvernement opéré récemment peut constituer une réponse adéquate pour redynamiser notre appareil administratif qui souffre parfois d’une longue présence, à leurs postes, de certains secrétaires généraux ministériels (chevilles ouvrières centrales) qui ne bougent pas souvent en raison de l’appui qu’ils bénéficient de certains grands électeurs locaux.

En tant qu’observateur indépendant et attentif aux réformes opérées dans notre administration, je considère, néanmoins, que cet ajustement technique du gouvernement est globalement positif pour de multiples raisons dont celles-ci : le premier point positif est le maintien à leurs postes des ministres en charge des secteurs stratégiques des Finances et de l’Economie car ceci peut constituer un signal fort envoyé à nos bailleurs de fonds institutionnels et bilatéraux sur la volonté du gouvernement de poursuivre de profondes réformes de notre système de gouvernance économique et financier ; le deuxième aspect positif de cet ajustement est la nomination de Mr Abdel Aziz Ould Dahi à la Modernisation de l’administration ; ceci constitue aussi un excellent et très bon choix pour ceux qui connaissent ce cadre compétent pour son rôle pionnier de généralisation, dans l’administration publique mauritanienne, de l’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication lorsqu’il occupait encore le poste de Secrétaire d’Etat à la Modernisation de l’Administration et des Techniques de l’Information et de la communication.

Son retour à ce ministère stratégique devrait faciliter la modernisation de notre administration par l’usage plus généralisé des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans nos procédures de travail. Enfin parmi les ministres qui n’ont pas été reconduits on peut compter aussi d’excellents cadres qui constitueront, j’en suis persuadé, une précieuse réserve pour la république.

Hamedine Kane

Fonctionnaire à la retraite

Observateur indépendant

Membre de la société civile

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